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Bubblegum – l’influence du disco et de la house


Yvonne Chaka Chaka (capture d’écran You Tube)

A partir du milieu des années 1980, le disco et la techno des ghettos de Chicago mais aussi l’acid house du « second summer of love » anglais et des raves parties se mutent en Afrique du Sud en un style nouveau qui sera nommé bubblegum, mêlant électronique et éléments du mbaqanga, du marabi et du kwela. C’est une réponse locale à un style international, destiné à la jeunesse sud-africaine, un style mettant la voix au premier plan tout en restant très DIY. Il est créé avec les moyens du bord, des synthétiseurs, une boîte à rythme et des samples. Le terme « bubblegum » a un côté péjoratif (une musique un peu sucrée, qui comme un chewing-gum, est jetée lorsqu’elle perd sa saveur) mais il est utilisé sans distinction par ses admirateurs et ses détracteurs.

 

Le bubblegum était chanté en anglais mais aussi dans les dialectes locaux et a toujours réussi à transcender l’apartheid, touchant divers publics. Les paroles, apparemment innocentes, arrivaient à échapper à la censure de l’état, et transmettaient par moments des messages politiques. Et c’était aussi une musique joyeuse qui était en contraste total avec les mesures violentes et déshumanisantes du régime en place.

 

Le style connaîtra de grandes stars comme Brenda Fassie et Yvonne Chaka Chaka. Cette dernière a enregistré un premier hit en 1984, « I’m in love with a DJ » et a séduit de nombreux fans sur tout le continent africain, tout particulièrement dans la partie francophone, avec sa voix alto au timbre particulier. Brenda Fassie était une star de la pop, d’abord de bubblegum, puis de kwaito. Elle envoûtait son public avec sa voix pleine de sentiments, compensant un accompagnement musical plutôt cheesy, dominé par des boîtes à rythmes mal programmées et des synthétiseurs de mauvaise qualité. Si certaines de ses chansons étaient plutôt banales, d’autres possédaient des paroles qui faisaient une analyse très fine de la société sud-africaine à l’époque de l’apartheid, le tout dans un argot propre aux townships. « Weekend Special » est un grand hit des années 1980. Par la suite, le son s’affine grâce au travail du producteur Sello « Chicco » Twala et elle sort des succès comme « Vul’ Ndlela », « Nomakanjani » ou « Ntsware Ndibambe » qu’elle a enregistré juste avant son décès par overdose.

 

Il existe également un répertoire qui a été moins diffusé à l’étranger, publié par des labels locaux. La Teal Record Company, un des plus grands labels sud-africains de l’époque, a sorti beaucoup de disques dans les styles bubblegum et synth-boogie. Un ingénieur du son en particulier, Ian Osrin, a expérimenté avec les nouveaux instruments électroniques, produisant des groupes comme Ashiko ou Zasha. Mais ce n’est pas la seule maison de disque qui s’est intéressée au style ; des LP ont été édités autant par les grands labels comme Gallo ou EMI que par des indépendants comme Cool Spot ou Anneko, présentant la musique d’artistes comme The Survivals, Stimela ou Ntombi Ndaba.

 

Dans les années 1990, le style disparaîtra, remplacé par le kwaito. (ASDS)


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