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Du sax jive au mbaqanga – basse ronflante et harmonies vocales


Mahotella Queens, pochette de disque

Jazz, jive, marabi, mbombela, kwela, simanjé-manjé…n’ont cessé d’évoluer, de s’influencer, d’emprunter également aux styles vocaux et notamment aux chorales des travailleurs. Les réfugiés urbains, les mfengu, cherchaient un langage commun, trait d’union musical des classes laborieuses face aux Blancs. A l’évidence, une expression noire nationale se créait au fil du siècle, épaisse, savoureuse, explosive, grave. Aboutissement de cette brûlante évolution, le mbaqanga est devenu très populaire dans les années 70. Empruntant son nom à celui d’un repas de porridge cuit à la vapeur, ce terme désigne une musique produite à bas prix, faite à la maison, comme le repas du même nom ou encore une musique dont le son de la basse aurait la même consistance, la même épaisseur que cette nourriture.

 

Musique urbaine, née après la Seconde Guerre mondiale dans les villes établies autour des mines d’or et autres centres industriels, elle est la jonction entre les traditions zoulou et sotho et le rhythm & blues, jazz et blues américains passés par les filtres créatifs des styles successifs, notamment le marabi et le kwela. Le mbaqanga est une des plus importantes « nouvelles » musiques africaines. Basse ronflante, batterie, guitares, saxophone, parfois même accordéon sont les ingrédients de cette recette, ils accompagnent un chant où les harmonies vocales ont une place importante, le soliste adoptant souvent une voix basse profonde. Les grands noms du mbaqanga sont Mparanyana, Mahlathini, Amswazi Emvelo, West Nkosi ou encore certains musiciens évoluant dans des styles annexes, parfois plus proches du marabi, comme le groupe Malombo et son guitariste Philip Tabane, parfois plus proches de la tradition comme l’étaient Johnny & Sipho avant que le premier ne devienne célèbre sous le nom de Johnny Clegg et le second sous celui de Sipho Mchunu, mais tous deux continueront d’explorer des genres musicaux dont le mbaqanga reste le tronc.

 

Le style ne se figera donc pas, il continuera de progresser, bousculé par les générations, gonflé par les influences nouvelles, fouetté par les promesses du marché du disque. On verra alors se succéder de plus en plus rapidement, signe des temps, d’autres noms de styles, parfois éphémères, parfois simples personnalisations d’un siècle de musique par des musiciens qui tentent de se faire un nom. (Etienne Bours, Africalia)


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