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Styles néo-traditionnels – l’influence des instruments importés


pochette d’un disque de Phuzekhemisi

A côté des musiques traditionnelles, il ne faut pas sous-estimer l’importance de l’influence d’instruments importés dans les styles des divers groupes ethniques vivant dans les zones rurales, notamment auprès des Sotho, Zoulous, Pedi et Shangaan. Ces styles peuvent être qualifiés de néo-traditionnels, combinant éléments extérieurs et caractéristiques locales comme la gamme de six notes utilisée par les Sotho.

 

Les premiers instruments européens pénètrent le Zululand dès l’installation des Hollandais dans la région du Cap en 1652. Parmi ceux-ci, le concertina prendra une place importante. Inventé en 1829 en Angleterre, il débarque rapidement dans la région sud-africaine, accompagnant les Britanniques qui s’y installent. Il devient très populaire localement après la Première Guerre mondiale et l’importation de modèles peu coûteux. Les Sothos s’approprient l’instrument car il permet au musicien d’imiter les chants à réponse des chœurs traditionnels masculins, les sons de l’instrument créant deux ou trois voix qui s’associent à celle de l’artiste. Jusque dans les années 1960, de nombreux groupes et musiciens furent enregistrés, notamment Tshwatlano Makala qui connaît un certain succès commercial. La formule la plus simple se résume à la voix, un concertina, une guitare et une percussion.

 

Par la suite, les concertinas seront remplacés par l’accordéon. La voix passe allègrement du chant au rap, tandis que d’autres chanteurs fournissent sifflements, hululements et chœurs. Ces chants sont ponctués par une ligne de basse assez puissante, créant souvent des effets de type bourdon, répétitifs et obsédants. Tous les instruments sont grattés avec énergie, pendant que le chanteur précipite sa parole. On sent une certaine urgence, un commentaire social, une critique éventuellement déguisée du régime et du Blanc. Tau Oa Matsheha est un des premiers groupes célèbres jouant ce type de musique.

 

Les Zoulous se sont appropriés la guitare, introduite en Afrique du Sud au 16e siècle par les Portugais ; leurs harmonies traditionnelles étaient en effet compatibles avec les sonorités de l’instrument qui est devenu très populaire grâce à son bas prix dès les années 1930. De nombreux musiciens itinérants parcouraient les rues. Il faut citer John Bhengu, actif à Durban au début des années 1950. Il avait l’art d’adapter les mélodies traditionnelles et de les accompagner d’un jeu de guitare dominé par un style particulier de fingerpicking nommé ukupika. Cette manière de jouer marquera les styles zoulous de la seconde moitié du 20e siècle et de nombreux groupes connaîtront une grande popularité dans les années 1970.

 

Ces musiques où les racines zouloues peuvent encore affleurer très nettement, prendront le nom de maskanda. C’est une sorte de jonction entre le mbaqanga et les traditions au profit de chansons dont les paroles peuvent s’avérer importantes. Le concertina a rejoint la guitare et a pris une place importante dans les groupes plus traditionnels, tandis que les synthétiseurs et boîtes à rythmes les ont remplacés dans d’autres formations.

 

La guitare a également eu un rôle important dans les musiques des Shangaan et des Tsongas. Leurs chants suivaient des structures et mélodies africaines mais étaient accompagnées d’une instrumentation aux accents portugais et latino. Leur musique évoluera au cours des décennies et prendra un ton très particulier avec l’arrivée des synthétiseurs. (Etienne Bours, Africalia & ASDS)


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