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Le kuduro, un rare exemple d’hybridation musicale réussie


I love kuduro - capture d'écran du film de de Mário Patrocínio

Né au début des années 1990 quelque part entre Luanda, en Angola, et Lisbonne, capitale de l’ancien colonisateur, le kuduro est une musique électronique qui combine des éléments typiquement angolais comme le semba et le kizomba, des rythmes de la soca et du calypso des Caraïbes mais aussi des emprunts à la techno et à la house. Les paroles sont en portugais angolais ou dans un créole de kimbundu et de portugais. Il s’accompagne d’une danse frénétique qui s’inspire des danses locales mais aussi du hip hop. Les mouvements sont violemment désarticulés et certains y voient une imitation de la démarche des nombreuses personnes amputées ou handicapées, victimes des mines antipersonnel posées dans le pays par les Portugais durant la guerre d’indépendance. Le chanteur et danseur angolais Costuleta, qui a été amputé d’une jambe, est renommé pour ses performances effrénées. D’autres interprétations, notamment celle de Tony Amado, qui s’est auto-proclamé inventeur du kuduro, relie cette danse à une scène du film Kickboxer avec Jean-Claude Van Damme, où il danse ivre. Le nom kuduro, littéralement « cul dur », désigne l’aspect de corps désarticulé et la gestuelle saccadée qui caractérise la danse.

 

Contrairement à d’autres mélanges de musique traditionnelle et de technologie occidentale, le kuduro ne s’est pas contenté de superposer des éléments-prétextes, donnant une couleur locale exotique, à une boîte à rythmes et des sons synthétiques globalisés. Plus qu’une simple variante angolaise de la techno mondiale, c’est un nouveau genre qui regarde l’Occident comme un public à conquérir plutôt que comme un exemple à imiter. Musique populaire, directe, son côté cru et brut l’a tout d’abord fait rejeter comme vulgaire par les médias et la bourgeoisie angolaise. Adoptée par contre en masse par la population, elle est rapidement devenue, à l’instar du kwaito sud-africain, ou du baile funk du brésil, la musique de la rue et celle de la fête. Elle s’est ensuite exportée de manière virale, au Portugal tout d’abord, et à travers le reste du monde ensuite, emportée dans les bagages de DJ comme le Français Frédéric Galliano, ou par l’intermédiaire de festivals itinérants comme I Love Kuduro lancé par l’artiste angolais Coréon Dú en 2011. (ASDS et BD)


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