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Bikutsi - Los Camaroes, les Vétérans, les Têtes Brûlées


Los Camaroes - pochette de disque

Le bikutsi est un genre musical très populaire au Cameroun depuis les années 1960. Il est basé sur un rythme traditionnel en 6/8 qui accompagnait les célébrations de l’ethnie Beti : fêtes, mariages, funérailles. Le terme bikutsi signifie littéralement « battre la terre » et décrit avant tout la danse qui accompagne la musique, une chorégraphie énergique accompagnée de battements de pieds frénétiques. Jouée à l’origine par un mélange de percussions, de balafon et d’une harpe double appelée mvet, elle soutenait des chants aux textes souvent contestataires, provocateurs ou licencieux, généralement interprétés par des femmes, dans un argot qui leur permettait de se moquer des conventions.

 

Le genre a connu un nouveau développement dans les années 1960 avec l’addition d’instruments modernes, notamment de claviers et de guitares. On crédite le guitariste Messi Me Nkonda Martin, le leader du groupe Los Camoroes, de l’invention de la technique qui permettait d’imiter le son du balafon en attachant les cordes de son instrument avec des fils de coton, pour les étouffer légèrement et les faire bourdonner. Le style fit école et de nombreux autres groupes se lanceront à sa suite, comme les Vétérans et plus tard Confiance Jazz.

 

Le ton des chansons est resté toujours aussi controversé et les allusions sexuelles nombreuses. Ce qui, ajouté aux danses également démonstratives, a donné une mauvaise réputation au bikutsi auprès des gens bien-pensants et du clergé chrétien.

 

Une nouvelle génération de musiciens a émergé dans les années 1980, parmi laquelle il faut pointer le groupe Les Têtes Brûlées, mené par Jean-Marie Ahanda, et dont le guitariste Théodore « Zanzibar » Epémé avait encore perfectionné la technique de Messi Martin en remplaçant le coton par du caoutchouc pour obtenir un son nouveau. Cette nouvelle génération a contribué à faire percer le genre à l’extérieur du pays, en concurrence avec le makossa.

 

Le bikutsi est toujours présent aujourd’hui avec des artistes comme Lady Ponce, K-Tino, Zele, Racine Sagath, Govinal ou encore Natascha Bizo. Ces artistes sont souvent des femmes qui utilisent la liberté de ton procurée par le genre pour développer des textes contestataires critiquant la société patriarcale conservatrice du pays. (BD)


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