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Le makossa et Manu Dibango


Manu Dibango au festival Les Escales, Saint-Nazaire, juillet 2019 – une photo de Selbymay (Wiki Commons)

Une des formes modernes de musique camerounaise qui a connu le plus de succès dans le pays et à l’étranger est sans nul doute le makossa. À l’origine, il s’agissait d’une musique et d’une danse traditionnelle de la région de Douala. Eboa Lotin en était le meilleur représentant. Elle s’est métamorphosée dans les années 1970 en un genre urbain, électrique, très prisé dans les boîtes de nuit. Parmi les pionniers, Ekambi Brillant revendique l’honneur d’être le créateur du genre, mais d’autres musiciens comme Lobe Lobe, ou encore Ebanda Manfred, ont rapidement suivi. Le genre a continuellement évolué en englobant des apports extérieurs.

 

On s'accorde à dire que c’est Manu Dibango qui a révolutionné le style et l’a fait connaître au monde entier. Il y introduit dans les années 1960 des éléments de rumba congolaise, inspiré par son passage dans l’orchestre African Jazz de Kabasele. C'est à cette même époque qu’il lance les premiers orchestres à son propre nom, à Kinshasa (alors Léopoldville) d’abord, puis au Cameroun. Le couvre-feu imposé par la guerre civile met fin à ces projets et il repart en France où il monte un nouvel orchestre. Il collabore également avec les vedettes de l’époque : Nino Ferrer, Dick Rivers et bien d’autres.

 

Si sa réputation auprès des mélomanes n’est déjà plus à faire, le succès populaire viendra toutefois par accident en 1972 avec un morceau, à l’origine destiné à la face B d’un 45 tours en hommage à l’équipe nationale de football du Cameroun. Le morceau s’intitule Soul Makossa et il marquera toute la carrière de Dibango. Invitation à la danse - « makossa » en douala -, il devient, par le plus grand des hasards, un tube dans des discothèques américaines comme le « Loft » de New York, ce qui vaudra au musicien le succès et des tournées aux USA. Sa carrière internationale est alors lancée et ne va plus s’arrêter.

 

Le succès international du morceau, et ses multiples rebondissements, reprises, plagiats et hommages, installera définitivement le style sur les scènes mondiales et ouvrira la voie à d’autres formes hybrides à partir des années 1980. Ces nouvelles formes de makossa, appelées pop-makossa, ont principalement été produites à l’étranger, notamment à Paris, au sein des communautés expatriées. Un groupe informel de musiciens, surnommé L'Equipe Nationale de Makossa, qui regroupait entre autres Aladji Touré, Toto Guillaume Ben Decca, Bébé Mango ou Ebeny Wesley, a été une véritable pépinière de talents. L’évolution se poursuivra par la suite avec des fusions à l’infini : soukous-makossa, jazz-makossa, salsa-makossa, etc. (BD)


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