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Bongo flava – le hip hop de Tanzanie


X-Plastaz (photo officielle, via leur facebook)
La scène hip hop tanzanienne.

Au milieu des années 1980 se développe à Dar Es Salaam, la principale ville du pays située sur les côtes de l’Océan Indien, une scène underground de hip hop, non pas dans les quartiers défavorisés mais dans la classe moyenne qui avait plus facilement accès aux musiques américaines et occidentales, suivant donc une voie inverse celle du rap américain qui est né dans les ghettos. Ce hip hop permettait aux jeunes d’exprimer leur mécontentement et même leur colère face à la société et au régime qui a laissé sombrer le pays dans une crise économique. Au départ, les textes sont en anglais, mais ils évoluent rapidement vers le swahili, et dès les années 1990, le rap sort de l’underground. Le premier groupe à voir le jour est Kwanza Unit, qui rassemble une dizaine de rappeurs, et la première vraie star est 2-Proud (alias Sugu) dont la cassette Ni mimi est un hit en swahili. Au départ, les moyens étaient limités et il faudra attendre le milieu des années 1990 pour que se développent des studios locaux pouvant enregistrer de manière professionnelle les artistes.


Ce rap en swahili a été nommé « bongo flava », une référence au mot « ubongo » signifiant « cerveau » : à Dar Es Salaam et en Tanzanie plus généralement, le seul moyen de survivre est d’utiliser son cerveau. Les thèmes des textes relatent les problèmes de la vie courante de la jeunesse urbaine, le chômage, l’épidémie de SIDA, la corruption mais, contrairement à un certain rap américain, parle peu de violence. Parmi les artistes les plus radicaux, il faut citer Gangwe Mobb, GWM ou Juma Nature, qui est devenu un héros local avec son style original et créatif. Ferooz est également un rappeur reconnu pour son inventivité et pour ses airs qui enchantent profondément ses auditeurs, notamment avec le morceau « Starehe » qui parle d’un patient du SIDA. Aujourd’hui, le rap et le hip hop sont devenus l’expression principale des jeunes venant de classes et d’ethnies diverses. Beaucoup rêvent de devenir une star du bongo flava, pour avoir une vie meilleure.


A côté de ce rap très urbain, il existe également une tendance qui a intégré des musiques locales dans les productions (et qui ne s’inclut pas dans le style du bongo flava). Le collectif maasaï X-Plastaz utilise en effet les rythmes et les danses traditionnels dans ses compositions, de même que Mr. Ebbo qui parle du point de vue maasaï. A Zanzibar, les mélodies du taarab ont également influencé les artistes hip hop locaux (Struggling Islanders, DJ Cool Para, Wazenji Kijiwe). (ASDS)


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