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Le marrabenta, guitares en bidons d’huiles et premières stars du Mozambique


Des jeunes dansent le marrabenta à l'Association Africaine de Lourenço Marques. Photo de la collection personnelle d'Elarne et Fredo Catiano.
Dans les années 1930, un croisement entre les instruments portugais et les rythmes africains a donné naissance à un style musical toujours vivace aujourd’hui : le marrabenta.

Alors que la capitale du pays s’appelait encore Lourenço Marques, avant de devenir Maputo, un genre musical est né de la combinaison du rythme des danses régionales et des mélodies du folklore portugais. Le fado y a apporté son orchestration traditionnelle et ses instruments, notamment les guitares, et le Mozambique ses rythmes, notamment le dzukuta, le xingombela ou le majika. A l’origine un style du sud avant tout, le marrabenta est devenu synonyme de danse moderne dans le Mozambique tout entier.


L’origine du nom est contestée, mais on s’accorde pour le relier au mot portugais « rebentar » (prononcé à la manière locale « arrabentar ») qui signifie « briser », « casser ».  Les avis divergent ensuite sur ce qui est vraiment cassé. L’expression peut faire allusion à l’épuisement des participants après une soirée dansante, ou bien à la manière énergique de jouer des divers instruments, jusqu’à en briser les cordes, ou encore à la tradition de construire ces instruments de bric et de broc, avec des matériaux de récupération. L’habitude s’est en effet développée de bricoler des imitations de guitares avec les moyens du bord, bidons d’huile, fil de pêche, etc., qui finissaient rarement la soirée intacts.   


Genre extrêmement populaire auprès de la population, le marrabenta était toutefois vu d’un mauvais œil par l’occupant colonial. Lors de la montée des revendications d’indépendance, les Portugais ont fait fermer la plupart des salles de concert du pays, les voyant comme des foyers d’agitation, ce qu’ils étaient souvent. Cette méfiance se poursuivra après l’indépendance et le nouveau gouvernement continuera la censure de la période précédente. La guerre civile achèvera de menacer la vivacité du marrabenta, mais il se reconstruira dans les années 1980. 


Lorsque le régime socialiste ouvrira le pays aux influences étrangères, jusque-là limitées aux « pays frères » comme Cuba, de nouvelles inspirations s’ajouteront au marrabenta traditionnel, empruntant à la pop, au rock et au hip hop. Les Mozambicains partis travailler en Afrique du Sud en ramèneront le goût du kwela et du xangana. 


Les pionniers du genre sont des musiciens comme Fany Pfumo, Dilon Djindji, Alberto Mula, Lisboa Matavel ou encore Wazimbo. Après un intervalle durant lequel le style avait failli disparaitre, une nouvelle génération les a rejoints, avec un forme plus contemporaine. Les plus représentatifs sont des groupes comme Eyuphuro ou l’Orchestra Marrabenta Star de Moçambique. Chaque année le Marrabenta Festival de Maputo prouve que cette musique est encore bien vivante. (BD)


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