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Les années 1980, Ghorwane et Eyuphuro


Eyuphuro
Dans les années 1980, tandis que le marrabenta se modernisait sous l’influence notamment de l’Orchestre Marrabenta Star De Moçambique, d’autres styles régionaux étaient mis en avant dans le pays. C’est cette nouvelle génération qui percera sur les scènes internationales, avec la signature sur le label Real World des groupes Ghorwane et Eyuphuro.

Si le marrabenta reste la musique fédératrice de tout le Mozambique, d’autres styles modernes ont été inventés dans les années 1980. Les nouveaux groupes qui les représentaient ne venaient plus nécessairement de la capitale Maputo, mais d’autres régions, et représentaient d’autres traditions et d’autres cultures.


Le groupe Ghorwane est originaire du district de Chibuto, dans la province de Gaza, et tire son nom du principal lac de la région. Son fondateur Pedro Langa s’associe en 1983 avec le compositeur José Zeca Alage et le guitariste Roberto Chitsondzo pour créer une synthèse de marrabenta et d’autres styles traditionnels mozambicains comme le xigubu, le mapiko et le tufu. Ils y ajoutent une touche légère d’afropop et chantent en xichangana (ou tsonga), la langue du peuple shangaan. En 1991, ils sont invités au festival Womad par Peter Gabriel, et enregistrent leur album Majurugenta, qui sort sur son label Real World. En 1993, José Zeca Alage meurt assassiné et le groupe poursuit sans lui en sortant en 1996 leur deuxième album Kudumba sur le label allemand Piranha. Ils poursuivent en 2000 avec le projet Mozambique Relief pour venir en aide aux victimes des inondations qui dévastent le pays cette année. Pedro Langa meurt lui aussi assassiné en 2001.


Le groupe Eyuphuro vient de la province de Nampula, au nord-est du pays. Leur musique se base sur les traditions du peuple macua, une ethnie bantoue. Il a été fondé en 1981 par Omar Issa, Gimo Remane et la chanteuse Zena Bacar. Après un premier disque sur le label Ngoma au Mozambique, ils sont à leur tour signés sur le label Real World. Ils y publient leur plus grand succès, l’album Mama Mosambiki en 1990. Le groupe se sépare toutefois peu après sa sortie. Zena Bacar le reforme en 1998 avec d’autres musiciens et publie en 2001 un nouvel album, intitulé Yellela.


Ces deux groupes ont réussi, même si c’est pour une courte période, à placer le Mozambique sur la carte de la world music de son temps. Il faudra attendre la fin des années 1990 pour qu’un nouveau souffle parcoure le pays. La fondation de Studio Mozambique par le producteur allemand Roland Hohberg a donné le coup de pouce nécessaire à de nombreux artistes. À la tête de ce premier studio professionnel indépendant, il a soutenu la carrière de la reformation d’Eyuphuro ainsi que de nouveaux projets comme le néo-marrabenta de Moz Pipa, ainsi que Mabulu, une forme de supergroupe rassemblant plusieurs générations, des vétérans du marrabenta comme Dilon Djindji, Lisboa Matavel et Antonio Marcos, et de jeunes rappeurs comme Chiquito. Bien que sacrilège aux yeux des puristes, ce projet a relancé l’intérêt de la jeunesse, sur place comme à l’étranger, pour le marrabenta et plus généralement pour la musique du Mozambique. (BD)


 


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