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Timbila, les xylophones traditionnels des Chopi


Timbila (photo cassimano via flickr)
Au sud-est du Mozambique, l’ethnie chopi a développé une culture musicale particulière autour des orchestres de xylophones timbila et des danses qui accompagnent leurs apparitions publiques.

Le peuple chopi, voisin des Shangaan (Zoulous), est l’ethnie la moins importante en nombre du pays, bien qu’elle représente tout de même 250.000 personnes. Il possède sa propre langue, d’origine bantoue, et habite au sud-est du Mozambique, dans la province d’Inhambane. Le Chopiland est une région fertile, très hospitalière, malgré les champs de mines laissés par la guerre civile. La musique des Chopi a beaucoup intéressé les musicologues, et parmi eux Hugh Tracey qui est devenu le spécialiste de cette musique. Il a publié à ce sujet un livre en 1948, intitulé Chopi Musicians, qui est encore aujourd’hui une référence, et réalisé de nombreux enregistrements.


Cette musique est principalement jouée par des orchestres de xylophones appelés timbila. Timbila est le pluriel du mot chopi mbila (ne pas confondre avec mbira) qui désigne l’instrument, comme marimba est le pluriel de rimba chez les Bantous. Il s’agit de lamellophones en bois, avec des calebasses comme résonateurs, qui se répartissent entre trois types : le sanje aigu à 19 lames, le dibhinda médium à 10 ou 12 lames, et le chinzumana, basse, à 4 lames. L’orchestre est accordé selon un mode qui ressemble aux modes des gamelans indonésiens, ce qui a amené à la spéculation d’une influence venue d’au-delà de l’Océan Indien.


Ce répertoire est ancien, et a déjà été documenté au 16e siècle par les Portugais. Il représentait alors la musique de cour des chefs héréditaires. Chacun d’entre eux avait à cette époque un orchestre à son service, qu’il entretenait. La tradition a été presque perdue durant la guerre civile et a été ensuite mise à mal par la politique égalitariste du FRELIMO. En supprimant les hiérarchies traditionnelles, le gouvernement a par la même occasion coupé les fonds des orchestres. Le système de patronage féodal a été remplacé par l’intervention de fonctionnaires publics, et par la suite par un mécénat privé.


Certaines pièces du répertoire pour timbila requièrent jusqu’à une cinquantaine de personnes, mais en moyenne un orchestre est composé de quinze musiciens, et de quinze danseurs. La danse fait partie intégrante d’un concert de timbila, et les danseurs contribuent à la musique par le son de leurs pas, mais aussi par leurs cris et par le chant. Les textes sont parfois moralisateurs, ou humoristiques, mais sont aussi souvent critiques, et remettent en question le comportement des dirigeants. Dans certaines circonstances, ces reproches et ces moqueries sont déguisées derrières des formules à double sens, afin d’échapper à la censure du pouvoir, qu’il soit colonial ou postrévolutionnaire. (BD)


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