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La Côte d'Ivoire aujourd’hui : afropop, mapouka et hip hop


Didi B - shogun (vidéo youtube)
En marge des grandes machines musicales, zouglou, coupé-décalé ou reggae, d’autres styles populaires évoluent en parallèle. Afropop et hip hop sont aujourd’hui les grands courants concurrents des styles nationaux. Mais beaucoup d’artistes choisissent simplement de rassembler toutes ces influences.

Si la Côte d’ivoire est fière de ses productions locales, ne devant rien ou si peu au reste du monde, comme le ziglibithy, le zouglou et le coupé-décalé, elle a toutefois cédé à la tentation internationale du rap et du hip hop. Après avoir résisté aux influences extérieures, comme celle de la rumba congolaise par exemple, pour conserver un style proprement national, l’arrivée du hip hop est une exception à cette règle. Pour beaucoup une exception de trop, et les rappeurs ont très vite été accusés de singer les musiciens américains et d’être décalés des réalités ivoiriennes. Surnommés les « yoyoyo », les amateurs de hip hop ont dû lutter pour imposer leur musique, et parfois trouver un compromis avec les autres genres populaires.


Le hip hop est arrivé en Côte d’Ivoire dès le milieu des années 1980 et a connu une première période de succès avec des artistes comme CB (Abidjan City Breaker), RAS, Scorpio, Crazy B. Signe du besoin de trouver des liens avec la tradition, le succès de Scorpio vient de « Zadi bobo », une reprise d’un morceau d’Ernesto Djédjé sur fond de hip hop. Cette première période sera de courte durée et l’arrivée du zouglou mettra un terme à l’intérêt du public pour cette musique vue comme étrangère. Le succès du coupé-décalé viendra enfoncer le clou. La guerre entre les deux plus grosses stars du rap ivoirien des années 1990, Almighty et le Ministère Othentik d’un côté, et Stezo et sa Flotte Impériale de l’autre, en mode Biggie Small contre 2 Pac, n’arrangera rien en faisant une publicité négative au rappeurs et à leur public.


L’afropop, de son côté, poursuivra également une trajectoire parallèle aux styles locaux. Genre aux frontières (et à la nationalité) imprécises, il n’est ni une influence étrangère ni une production domestique. S’il est moins dansant que le coupé-décalé, ou simplement moins frénétique, il a pour lui d’être plus adapté à la chanson et au texte. Des interprètes comme Aïcha Koné, Manou Gallo (ex-Zap Mama) ou Dobet Gnahoré ont donné à la Côte d’Ivoire sa place dans l’afropop. Chantal Taïba a créé son propre style, le matiko, version moderne d’une danse de réjouissances des femmes kroumen ; Monique Seka interprète une forme d’afro-zouk tandis que le chanteur Meiway a inventé le zoblazo, style inspiré des rythmes traditionnels de Grand-Bassam dont il est originaire.


C’est au milieu des années 2000 que le hip hop fera son retour avec le « rap Abidjanais » de Garba50, de Billy Billy ou encore Gbonhi yoyoyo, ou plus tard le « rap ivoire » de Kiff No Beat (et de ses anciens membres Black K, Elow'n ou Didi B). La tendance aujourd’hui est, comme partout en Afrique (ou dans le reste du monde), au mélange, au mixage de couleurs disparates et les artistes ne voient aucun inconvénient à poser un texte rap sur un coupé-décalé utilisant des touches d’amapiano. (BD)


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