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Le reggae ivoirien, rébellion non-violente


Alpha Blondy (photo livepict, via wikipédia)
La Côte d’Ivoire est un des pays africains où le reggae est le plus populaire. Ce succès tient beaucoup à la carrière d’Alpha Blondy, démarrée au milieu des années 1980.

L’arrivée du reggae en Afrique s’est faite grâce aux tournées de musiciens comme Jimmy Cliff et Bob Marley dans les années 1970. Le genre a avant tout fait des émules en Afrique du Sud, propageant son message anti-apartheid. Mais c’est sans doute en Côte d’Ivoire que le style est devenu le plus populaire. Un des plus célèbres, et un des premiers, compositeurs de reggae ivoirien est Alpha Blondy qui a grandement favorisé la diffusion du genre dans son pays.


Né à Dimbokro en 1953, il joue dans des groupes de rock et de  chanson française, et chante en dioula et en baoulé, avant de découvrir le reggae lors d’un séjour d’études aux États-Unis. Il change alors de style et commence à enregistrer à Brooklyn avec le producteur jamaïcain Clive Hunt, mais ne parvient pas à percer et rentre en Côte d’Ivoire. C’est en 1981 que sa chance tourne, grâce à un passage dans l’émission télévisée Première chance, sur RTI. Il reçoit alors des propositions et sort son premier disque Jah Glory sur le label Syllart en 1983. C’est sur cet album que se trouve le morceau « Brigadier Sabari », qui a été un très grand succès en Côte d’Ivoire, et qui l’a fait connaître dans le reste de l’Afrique et en Europe. Le texte était pourtant risqué puisque le morceau traite des violences policières, fort répandues dans son pays ; « Brigadier Sabari » signifie « pitié brigadier » et se base sur ses mésaventures personnelles avec les forces de l’ordre.


Alpha Blondy poursuivra sa carrière, à cheval sur la France et l’Afrique, en développant les thèmes chers au reggae engagé : lutte contre l’injustice, l’exploitation coloniale, l’apartheid, résistance et non-violence, ainsi que sur une base religieuse rastafarienne. Il a enregistré avec ses héros les Wailers, le groupe de Bob Marley, dans le studio Tuff Gong en Jamaïque et a monté son propre ensemble, le Solar System, et sa propre station de radio, Radio Alpha Blondy, à Abidjan. Il est également devenu ambassadeur de l'ONU pour la paix en Côte d'Ivoire.


Sa popularité va permettre l’éclosion d’une scène reggae dans le pays, avec des figures comme Ismaël Isaac, Serge Kassy, Kajeem, et surtout Tiken Jah Fakoly, qui connait un grand succès international. Ses textes, comme ceux d’Alpha Blondy, sont souvent engagés et très critiques de la situation économique et politique en Afrique, et des origines coloniales de l’exploitation, de la misère et de la corruption. Des morceaux comme « Françafrique » dénoncent l’implication de la France et des États-Unis dans les conflits du continent.  (BD)


 


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