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Le ziglibithy, le son des années 1970


Ernesto Djédjé, le roi du Ziglibithy
Le ziglibithy est un genre musical originaire de Côte d'Ivoire qui s’inspire des sons et rythmes traditionnels des peuples de l'Ouest, dont le zagrobi. Il a été popularisé par Ernesto Djédjé dans les années 1970.

Le nom de ziglibithy est formé du mot zigli qui signifie « danse » et bithy qui désigne une chanson « sucrée et douce à laquelle on ne peut résister ». Comme ce nom l’indique, il s’agit à la fois d’un genre musical et d’une danse. Style urbain et moderne, il puise toutefois ses origines dans plusieurs éléments des cultures traditionnelles de l’ouest du pays, notamment des Bétés et des Didas de l’ethnie krou et des Gouros de langue mandé-sud. Son inventeur et principal défenseur était Ernesto Djédjé, consacré comme le « roi du ziglibithy ».


Après ses débuts musicaux au sein de l’orchestre d’Amédée Pierre, l’Ivoiro Star, qui mêlait les musiques congolaises et afro-cubaines à un ancrage dans la culture bété, Ernesto Djédjé part étudier en France. Il y rencontre Manu Dibango, Anouma Brou Félix et François Lougah, et enregistre, avec leur collaboration, son premier 45 tours intitulé « Anowa » en 1970. Il y mélange le disco occidental, la rumba cubaine, le makossa centre-africain et la musique traditionnelle ivoirienne. Quelque temps après son retour au pays en 1973, il découvre l’afrobeat de Fela Kuti durant un voyage au Nigéria et décide de rompre avec la « congolisation » de la musique ivoirienne (comme le style dopé, que pratiquait l’Ivoiro Star) et d’inventer un style nouveau : le ziglibithy.


Son premier 33 tours, dans ce nouveau style, sera sa consécration. Paru en 1977, l’album Ziboté, enregistré à Lagos, au Nigéria, sera un hit panafricain et connaîtra un certain succès an France et au Canada. Il devient alors le symbole d’une Côte d’Ivoire moderne ayant digéré l’influence occidentale sans renier ses racines. Il sera courtisé par – et courtisera – toute la classe politique, devenant selon certains « le chouchou du président Houphouët-Boigny ». Il meurt en 1983 dans des circonstances étranges lors d'un repas à Yamoussoukro, officiellement d’un ulcère, mais diverses rumeurs parlent soit d’un empoisonnement politique, soit d’un ensorcellement commandité par son ancien mentor, Amédée Pierre, avec qui il était en conflit. 


Le ziglibithy a été avant tout le style d’Ernesto Djédjé et même après sa mort peu de musiciens ont osé essayer de lutter avec lui. Sans arriver à le concurrencer, Luckson Padaud a connu un certain succès avec un genre similaire, le style laba laba, de même que Johnny Lafleur avec le zagrobi et Gnahoré Jimmy avec le polihet. L’héritage du « roi du ziglibithy » se fera principalement sentir plus tard dans les années 1990, avec l’arrivée du zouglou. (BD)


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