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Musiques traditionnelles – masques et danses


Masques et danses traditionnels (photo Mouahé via wikipédia)
La Côte d’Ivoire présente une grande variété de musiques traditionnelles qui reflètent la diversité de sa population.

On peut envisager ces diverses populations selon un biais ethnique, religieux ou encore une division linguistique. La plupart ne sont pas limitées aux frontières actuelles du pays, héritées, comme dans la majeure partie de l’Afrique, de la période coloniale. Une statistique approximative attribue la répartition suivante : les représentant du groupe akan (dont les Baoulés) constituent 42% des habitants, les peuples voltaïques (dont les Senoufos) 17%, les Krous 11%, les Mandés ou Mandingues du nord (et leurs nombreux sous-groupes, Dyula, Beng, Gban, Wan, etc) 16%, et les Mandés ou Mandingues du sud (dont les Dans et les Gouros), 10%, le reste étant fractionné entre un certain nombre de groupes plus petits. Chacune de ces cultures possède ses propres traditions musicales, avec des influences de ses voisins, et des traits communs à plusieurs groupes comme la polyphonie vocale ou l’importance des masques.


Parmi les traditions de masques les plus célèbres figurent les Dans et les Baoulés, dont les œuvres ont été longtemps recherchées par les amateurs occidentaux d’art africain. Les Dans sont des agriculteurs et éleveurs, habitant au centre-ouest de la Côte d’Ivoire (ainsi qu’au Liberia et en Guinée). Ils font partie de la branche sud des Mandingues, au même titre que les Gouros. Les Baoulés, du groupe Akan, sont eux originaires du Ghana, et se sont installés en Côte d'Ivoire au XVIIIe siècle. Les pratiques liées à la sortie rituelle des masques sont de toute importance dans les cérémonies religieuses ou de passage à l’âge adulte, mais possèdent également un élément quasi musical, car beaucoup de ces masques communiquent. Pour simuler une origine surnaturelle, les porteurs de masques chantent ou parlent à travers des artifices modifiant leurs voix, résonateurs, vibrateurs, amplificateurs, etc. Le concept de masque est plus large que le simple fait de couvrir le visage : certains masques dits « habillés » comportent un costume complet, des acolytes et des accessoires, d’autres sont dits « dénudés », et sont des « masques sonores » qui n’existent que par la voix.


Les Krous de la côte partagent cette tradition des masques, et leurs danses sont célèbres, particulièrement la danse des couteaux chez les Wés. Comme chez les Dans et les Baoulés, les sorties des masques et les danses ont progressivement perdu leur caractère sacré et sont aujourd’hui pratiquées comme divertissement pour la population, voire pour les touristes. La plupart sont accompagnés par le son des hochets et des tambours, omniprésents en Côte d’Ivoire, et par les chants polyphoniques typiques de la région. Très riches, très virtuoses et très divers, ces chants sont pratiqués sur une base polyrythmique et utilisent plusieurs techniques particulières, le tuilage, le répons, les onomatopées et le hoquet (rendu célèbre par les chants pygmées de Centrafrique) dans lequel la mélodie est répartie en alternance entre plusieurs voix.


Parmi les instruments les plus emblématiques de la région, le xylophone est pratiqué par plusieurs peuples selon des modalités et sous des formes diverses, allant du plus rudimentaire, simples planchettes posées sur un tronc de bananier, au plus sophistiqué, comme ceux des Lobis ou des Senoufos, placés sur des cadres ouvragés et munis de résonateurs en calebasse. Ils peuvent être constitués en orchestres de plusieurs instruments, en solistes, en accompagnement de chants collectifs ou de chansons individuelles, ou en duos. Les occasions d’en jouer vont du très solennel (les funérailles chez les Senoufos notamment) au divertissement, voire au récréatif avec par exemple les jeux pratiqués en duo où deux percussionnistes rivalisent de virtuosité, face à face devant un même xylophone.


Les Senoufos pratiquent également une musique appelée bolonyen, jouée sur des bologbogo, harpes monocordes montées sur une calebasse et jouées en groupes d’une quinzaines d’hommes. Les Mandés ou Malinkés de Côte d’Ivoire, partagent avec les autres peuples mandingues, de Guinée ou du Mali, une série d’instruments particuliers comme la kora ou le n’goni, ainsi que le balafon et le djembé, et ont une caste de griots, instrumentistes et chanteurs solistes généralement absents des autres cultures de la région, privilégiant les chants collectifs, même si les Baoulés connaissent également une tradition de musiciens ambulants semi-professionnels.


Le panorama des instruments ne serait pas complet sans parler des tambours, qui sont un des éléments majeurs dans toute la région. Leur diversité est impressionnante et il serait malaisé de les citer tous. Chaque groupe et chaque sous-groupe possède son tambour particulier, avec son mode de jeu, de construction, d’usage, ses rythmes, etc. Il faut toutefois signaler l’utilisation, principalement chez les Akans, de « tambours parlants » (en anglais talking drums) servant à communiquer des messages, à envoyer des signaux. Ces tambours reproduisent la structure tonale des langues africaines et calquent le phrasé et le rythme de la parole. Les uns comme l’attoungblan sont constitués de deux tambours (dits « mâles » et « femelles ») et se jouent en alternant les sons hauts et graves, d’autres comme le tama, ou odondo, sont en forme de sablier et le percussionniste en joue en le tenant sous l’aisselle, pressant les cordes qui tendent la peau de l’instrument et variant ainsi la hauteur du son. (BD)


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