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La Guinée aujourd’hui : après la world music et le zouk mandingue


Djelykaba Bintou (videoclip youtube)
Après le boom de la world music en Occident et du mandé-zouk en Guinée, les musiciens ont trouvé d’autres sources d’inspiration, cherchant dans la tradition comme dans le rap ou le reggae de nouvelles voies pour la musique du pays.

À la fin des années 1990, le public de la world music commence à chercher des expressions plus « authentiques » des musiques du monde. Généralement l’accent est mis sur les instruments acoustiques, à tort ou à raison. Le joueur de kora Jali Musa Diawara (demi-frère de Mory Kanté, pour la petite histoire) va proposer une vision plus calme, plus traditionnelle du même répertoire, avec entre autre une version de « Yéké yéké » sur son album Yasimika. Le guitariste Kanté Manfila va de son côté ouvrir la voie à un jeu de guitare plus « roots », moins produit, style dans lequelle s’illustreront Djessou Mory Kanté, Papa Diabaté ou encore Sékou Bembeya Diabaté. Ces développements concerneront principalement le public occidental, tandis que le public guinéen s’intéressera à d’autres styles.


Le premier signe de transformation voit l’influence des griots diminuer. L’attachement à une caste de musiciens héréditaires, souvent associée à des protecteurs riches et/ou puissants, commence à faiblir et d’autres musiciens, plus indépendants, sans liens avec les grandes familles traditionnelles, vont se lancer sur le marché. Souvent originaires des populations peules ou wassoulou, ils vont créer une nouvelle scène de fula-pop, et se présenter comme des « artistes modernes ». Leur son, inspiré à la fois des musiques nyamalaka et du mandé-zouk de leur époque, va se réinventer en secouant au passage les oreilles les plus chastes. Les pionniers de cette scène, dans les années 1990, seront Petit Yero, Fatou Linsan, Binta Laly Sow ou encore Sekouba Fatako.


Tous les artistes ne suivront pas cette voie et certains développeront une forme de « nouvelle musique traditionnelle », d’aucuns dirait « tradimoderne », inspirée non pas des formes « nobles » de la musique des griots, mais de celle du peuple, notamment des cultures soussous urbaines. Les Étoiles de Bobinet, originaires du port de Conakry, vont mêler le kirin, un modeste lamellophone, avec le balafon et les percussions pour créer une musique de danse brute et irrésistible. Ils seront suivis par de nombreux groupes semblables, comme les Espoirs de Coronthie. Ce renouveau d’intérêt pour les musiques acoustiques relancera d’autres instruments comme la kora, alors plus populaire en Europe que sur place, et Maciré Sylla et Ba Cissoko seront parmi les artistes lui proposant un nouveau contexte.


D’autres sources d’inspiration, extérieures cette fois, vont lancer une scène de hip hop guinéen, dont les pionniers sont sans conteste le group Kill Point, entrainant à sa suite une nouvelle génération représentée par Degg J Force3, Methodik, Fac Alliance, MAS, Raisonnable Djeli, Bill de Sam, Negros Spirituels ou encore le trio Ideal Black Girls. Ces deux derniers groupes sont un rare exemple de musiciennes progressant dans le monde très conservateur de la société guinéenne. Si les griottes comme Oumou Diabaté étaient tolérées parce que provenant d’une tradition ancienne, et de familles établies d’artistes, les femmes ont dû lutter pour s’imposer dans un milieu contrôlé par des hommes qui considèrent que ce n’est pas leur place. Mamaissata Kamaldine Conté, Binta Laly Sow, Néné Gallé Lega Bah, Fatou Linsan Barry, Sonna Tata Condé, Sayon Camara et plus récemment Ashley, Sister Lessa, Keyla K sont des exemples de ces femmes ayant bravé le poids des coutumes, pour s’engager dans une carrière musicale. 


Aujourd’hui la musique guinéenne est plus métissée que jamais, ayant intégré des influences aussi variées que le reggae, le R&B, le reggaeton, outre le rap et le zouk. Les stars actuelles s’appellent Takana Zion, Petit Kandia, Koundou Waka, Ibro Diabaté, Navigator (mort en 2021), Oudy 1er, Azaya, Tenin Siawara, Djelykaba Bintou, Amina Gaza, Sona Tata ou encore Sia Tolno, pour ne citer que quelques noms. (BD)


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