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Le malouf, une musique savante arabo-andalouse


Par musique savante, on entend l’ensemble des expressions qu’on appelle aussi musiques classiques ou musiques d’art, soit des musiques codifiées qui s’enseignent de maître à élève et qui demandent le respect d’un ensemble de règles musicales. Il s’agit de musique modale, c’est-à-dire organisée sur base d’un ensemble de modes dont chacun impose une échelle, une hiérarchie denotes. Ces musiques sont héritières de la riche histoire de l’Andalousie musulmane.

En effet, quand on parle d’arabo-andalou ou de musique arabo-andalouse, on fait référence à l’ensemble des musiques classiques arabes qui sont l’héritage actuel de l’Al-Andalus, soit une vaste partie de la péninsule Ibérique occupée par les Arabes entre le Moyen Âge et 1492. En 822, le musicien Ziryab (784-857) quitta la cour de Bagdad pour se rendre à Cordoue, ville de la dynastie des Omeyyades. Le travail du musicien y fut déterminant. On lui attribue notamment la création de la nouba qui est encore aujourd’hui la forme essentielle de la musique arabo-andalouse, une culture musicale qui dut évidemment quitter la péninsule Ibérique lorsque les Arabes en furent chassés en 1492. Les pays du Maghreb et du Mashreq virent revenir ces populations et leurs richesses culturelles développées en Al-Andalus. De telle sorte qu’on retrouve aujourd’hui, principalement au Maghreb, une musique classique dont les bases ont été développées pendant cette période arabo-andalouse.

Le malouf est la musique arabo-andalouse de Tunisie. C’est le style de la nouba tel qu’il était pratiqué dans l’ancienne Séville. Le malouf est né après les migrations andalouses vers la Tunisie suite à la reconquête de l’Espagne par les chrétiens et ce, surtout, après la chute de Grenade en 1492. Muhammad Al-Rachïd, grand musicien du XVIIIe siècle, a fixé le répertoire des noubat tunisiennes. Il y ajouta certaines inspirations turques et composa la majeure partie des pièces instrumentales comprises dans les suites. Le style devient dès lors l’expression musicale par excellence, à la fois expression du patrimoine religieux et du patrimoine profane. Il se joue sur des instruments que l’on retrouve tant à travers toute la tradition arabo-andalouse que dans celle du Proche-Orient : le ney (flûte en roseau), la cithare qanun, le oud, le violon, les percussions traditionnelles (tar, darbuka et les timbales nagharat). La forme principale du malouf est également la nouba. Le style se joue surtout dans le nord de la Tunisie. On parle également de malouf pour désigner la musique arabo-andalouse de Constantine et de Libye.

 

(d'après le texte d'Etienne Bours publié pour les brochures Africalia – 2003)


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