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Les Gnawas – Soufisme et syncrétisme


Goumari Gnaoua - photo d'Akka1997

Parmi les confréries soufies du Maroc, il en est une qui se distingue par ses origines et ses pratiques rituelles : les Gnawas, ou Gnaouas. Descendants des esclaves noirs enlevés de l’ancien Soudan pour servir dans les armées des sultans du Maroc à la fin du 16e siècle, ils ont été islamisés et ont choisi comme « patron » l’assistant noir du prophète Mohammed, Sidi Bilal, dont on dit qu’il fut le premier muezzin. Comme ce fut le cas pour les esclaves emmenés aux Amériques, les Gnawas ont conservé, superposés à leur religion officielle, des éléments provenant des cultes traditionnels africains. Mêlés aux rites soufis, les Gnawas incluent dans leurs pratiques des coutumes liées à la croyance dans les esprits, les jnoun (pluriel de jinn), parmi lesquels certains, les Mlouk, ont une place prépondérante.

 

Outre leurs activités de musiciens itinérants, les Gnawas ont également un rôle de guérisseurs et de devins. Ces tâches sont généralement effectuées par des femmes, les chouwafa, et sont pratiquées chaque année lors de la fête de Sidi Bilal ou à la demande d’un commanditaire. Ces cérémonies s’appellent derdeba (qui signifie grand bruit) ou lila (qui signifie la nuit), et se déroulent en plusieurs parties, commençant par une procession et le sacrifice d’un animal. Diverses danses suivent, certaines symbolisant les anciens ou encore la capture des esclaves. Le cœur de la lila est consacré à sept danses, correspondant à sept Mlouk, sept manifestations divines, sept familles d’esprits et sept couleurs, et qui durent la nuit entière.

 

Les Gnawas utilisent trois instruments lors de ces cérémonies : le guembri, un luth à trois cordes joué par le m’allem (le maître de la confrérie), les qaraqèb, grandes castagnettes métalliques, et le t’bel, tambour à double membrane. Leur musique soutient la transe des danseurs et des spectateurs en établissant un continuum rythmique sur lequel viennent se poser les mélodies du guembri, qui appellent les Mlouk. L’ensemble est accompagné de chants lancés par le m’allem auquel répond le chœur des musiciens.

 

La musique des Gnawas était autrefois inséparable des rites de possession et des rituels thérapeutiques pratiqués lors des cérémonies. Elle se présente également aujourd’hui sous une forme indépendante, modernisée et profane, et de nombreux musiciens gnawas se produisent avec des artistes internationaux comme Jimmy Page, Robert Plant, Bill Laswell, Adam Rudolph, ou encore Randy Weston. En 1997 a été fondé le Festival Gnaoua et Musiques du monde d’Essaouira, afin de promouvoir la culture des Gnawas.

 

Plusieurs musiciens gnawas, comme Mahmoud Guinia (parfois transcrit Ghania) ou Hassan Hakmoun, ont acquis une réputation internationale, et de nombreux groupes gnawas se sont formé au sein des diasporas marocaine et algérienne, comme Gnawa Diffusion et l'Orchestre National de Barbès en France, ou Les Gnawas de Bruxelles, en Belgique. (BD)


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