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Musiques populaires – le chaâbi des villes et le chaâbi des champs


Nass El Ghiwane

On utilise au Maroc le mot chaâbi, qui signifie « populaire », pour parler de deux styles musicaux différents : l’aïta, qui est un chant rural spécifiquement marocain, et le chgouri, qui est une forme de chaâbi principalement citadin, provenant notamment de la région de Casablanca. Le premier, aux origines nomades, venant des Bédouins, est chanté en arabe dialectal par des groupes mixtes de musiciens et de chanteurs (les cheikhs), ainsi que des chanteuses (également danseuses). Ces dernières, appelées cheikhates, sont les héritières d’une lignée traditionnelles de femmes rebelles, indépendantes, qui vivaient de leur art en se produisant seules ou en groupes lors des festivités. Autrefois décriées pour leurs danses lascives et les mœurs légères qu’on leur attribuait, elles sont aujourd’hui reconnues comme des artistes à part entière. Le style aïta connait de nombreuses variantes locales et régionales.

 

Le style urbain chgouri est issu du style rural auquel ont été ajoutés divers éléments provenant de la musique andalouse et des rythmes dansants qui en ont fait la musique des occasions festives, à Casablanca tout d’abord puis dans tout le Maroc. Interprété par de petites formations, jouant dans leur propre quartier ou dans les souks, son instrumentation est très variée et comprend autant des instruments traditionnels comme le bendir, le derbouka, le violon ou le guembri, que des guitares électriques et des claviers électroniques. Aussi populaire auprès de la population musulmane qu’auprès des Judéo-Marocains, le chaâbi s’est progressivement professionnalisé et de nombreuses stars du genre sont apparues : Houcine Slaoui, Pinhas Cohen, Haïm Botbol, Abdessadeq Cheqara, Émile Zrihan, Samy Elmaghribi, Nino El Maghrebi, Mustafa Bourgogne ou encore Najat Aâtabou.

Une variante du chaâbi des villes est née au milieu des années 1960, lorsque le groupe Nass El Ghiwane, dirigé par Laarbi Batma, a fusionné le chgouri avec la musique gnawa ainsi qu’avec des influences afro-cubaines et jamaïcaines. Mise au service de chansons aux textes souvent revendicateurs, leur révolutionnera le paysage musical marocain. Plusieurs groupes, issus eux-aussi des bidonvilles Karyane de Casablanca, comme Jil Jilala, Larsad ou Lemchaheb vont contribuer à l’essor du genre, baptisé ghiwane, et connaître un certain succès dans les années 1980. (BD)


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