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Musiques religieuses: soufisme et chants sacrés


La religion musulmane prend une place importante dans la vie égyptienne qui est rythmée par l'appel du muezzin, l'adhan, lancé du haut des minarets avant les cinq prières quotidiennes. Cette psalmodie de formules proclamant la grandeur d’Allah sert à appeler le fidèle à se rendre à la mosquée ou à s’adonner à la prière.

 

Autre expression importante liée à la religion musulmane : la lecture du Coran. Celle-ci est en général plus qu’une simple lecture. On parle de cantillation ou de psalmodie. Sans être un chant à proprement parler, c’est une pratique qui demande une connaissance des modes musicaux et varie donc selon les traditions locales.

 

Enfin, présentes également en Egypte, les confréries soufies ont un rôle tout particulier. Elles accordent une place essentielle à la musique, au chant et parfois à la danse. Contrairement aux pratiques de l’Islam orthodoxe, celles des rites soufis donnent aux musiques un rôle moteur, indispensable pour atteindre une union mystique avec Dieu.

 

Le sama est l’audition mystique, une expérience musicale extatique. C’est Mevlana qui dès le XIIIe siècle initia et encouragea cette pratique. La philosophie soufie, en effet, bien plus que de tolérer la musique, s’en servait pour chercher l’union avec Dieu. Cette mystique musicale va, petit à petit, se ritualiser et devenir séance ou cérémonie sacrée englobant d’autres rites. Le dhikr, par exemple, peut être un point culminant du sama dans la plupart des confréries, point culminant qui, selon les lieux et les croyances, s’appelle parfois aussi hadra (assistance), imara (plénitude) ou halqa (cercle).

 

Hadra est un terme difficile à cerner en ce sens qu’il peut revêtir plusieurs réalités. Hadra, c’est l’assistance ou assemblée de fidèles dans les rites soufis. C’est aussi la présence divine. Selon Bernard Moussali, hadra est un synonyme de dhikr-al-hadra qui est le rituel collectif du dhikr. Certains le pratiquent avec instruments, d’autres avec claquements de mains ou de doigts et le travail du souffle ou de l’hyper-ventilation des participants est en général essentiel.

 

En Egypte, le hadra est aussi l’assemblée des fidèles participant à un rite. Pour les guider et mener ce cheminement vers une lumière divine, le munshid ou chantre de l’Islam est le chanteur de la mosquée ou celui des confréries soufies. Il est, dans ce cas, le maître-chanteur, celui qui détient le répertoire, la voix et cette façon de se servir de l’un comme de l’autre au point d’emporter l’adhésion des foules. Le répertoire est l’inshad, ensemble des hymnes et chants religieux, poèmes et autres qasidas, que le munshid entonne souvent au-dessus des invocations des participants. Le chantre est le maître de ces mots et de ce que la voix peut en faire, de la même manière qu’un instrument peut se servir de notes ou de phrases musicales. Pendant des développements d’une puissance exceptionnelle, un grand munshid peut emmener ses auditeurs à travers un dédale de sons vocaux, de jeux subtils entre sa voix et les textes, se faisant conteur, diseur, chanteur, hurleur ou pleureur de Dieu.

 

Sheikh Ahmad Al-Tûni est certainement l’un des plus importants munshids de Haute-Egypte. Il est d’ailleurs un maddâh plutôt qu’un munshid au sens propre du terme, le maddâh étant le chantre populaire, celui du répertoire rural, un homme qui, de toute façon, loue ses services aux uns et aux autres, sans attache particulière à l’une ou l’autre confrérie. Un chantre évoluant dans la liberté itinérante de l’approche du divin. (Etienne Bours, adaptation par ASDS)


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