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Des traditions préhispaniques - une musique liée à la nature


Parade - Uyuni, Bolivia - photo de Szymon Kochański via flickr

Les Quechua, installés dans les vallées et dans certaines régions montagneuses, et les Aymara, peuplant les hautes terres (l'Altiplano), sont les ethnies principales mais le pays est également peuplé par une petite quarantaine de minorités ethnolinguistiques. Vivant essentiellement dans les zones rurales, tout particulièrement dans la cordillère des Andes, ces peuples jouent une musique qui a des origines préhispaniques et remontant donc au temps des Incas. Elles sont liées au cycle de la vie, aux forces de l’univers et de la nature qu'il faut concilier, et font partie intégrante de la vie des villages, tout en possédant une dimension symbolique très importante. Des festivals ont lieu en l’honneur de la montagne et des dieux, notamment Pachamama, la mère-terre et Inti Raymi, le soleil, ainsi que lors de fêtes d’inspiration européenne comme le Carnaval.

 

L’utilisation des instruments est également codifiée: certains sont utilisés toute l’année mais d’autres sont limités à certaines saisons; il s’agit de tabous qu’il ne faut pas enfreindre. On peut citer l’exemple de la flûte de pan siku qui ne peut pas être jouée pendant de la saison des pluies car elle pourrait amener le gel et détruire les récoltes, ou inversement il est interdit de jouer de la flûte pinkillu pendant la saison sèche car cela amènerait une pluie qui empêcherait les récoltes de sécher.

 

Les flûtes dominent la musique mais elles sont souvent accompagnées de percussions, tout particulièrement lors de processions. Ce sont des instruments très anciens et qui possèdent des formes et sonorités très variées. Les flûtes de pan sont particulières aux peuples amérindiens de cette région. Nommées siku par les Aymara et antara par les Quechua, elles sont traditionnellement jouées par paires: la mélodie n’apparaît que quand deux instruments sont joués ensemble et que les musiciens coordonnent leur souffle pour former une unité. Leurs tailles diffèrent, influençant la hauteur de ton, allant de petits instruments tenant dans la paume d'une main à des instruments quasi aussi grands que l'homme qui le joue.

 

Il existe également des flûtes droites à encoche quena et des tarkas, des flûtes verticales, de tailles très diverses, le pinkillu cité plus haut, ainsi que des flûtes horizontales originaires d'Amazonie mais jouées également dans les Andes.

 

Le charango n’est pas d’origine amérindienne. Il est né pendant la période coloniale, sous l'influence des guitares espagnoles. Cette "vihuela de mano" comme elle était nommée à l'origine a très vite été adoptée par les populations andines qui l’utilisent dans le cadre des musiques traditionnelles. Il est composé de 10 cordes tendues sur un corps en bois ou sur une carapace de tatou.

 

La discographie propose des enregistrements de terrain mais il faut aussi citer Luzmila Carpio (1954), chanteuse d'origine Quechua-Aymara. Elle commence sa carrière au début des années 1970, interprétant les traditions de son peuple de sa voix très cristalline montant parfois dans les aigus. Engagée politiquement, elle défend les droits des femmes et de son peuple, et a été pendant quatre ans ambassadrice de Bolivie en France (2006-10). Son travail est original et très personnel, loin des flûtes et ponchos des groupes folkloriques, et toujours enraciné dans les traditions millénaires des peuples de l'Altiplano. Ses compositions sont ancrées dans un environnement sonore, dans la nature, les saisons, relatant l'équilibre entre la terre et le ciel, entre les hommes, les animaux et les éléments. (ASDS)


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