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Cumbia, une musique hybride très populaire


La cumbia, musique aux rythmes simples et enivrants, naît durant la colonisation espagnole sur la côte caraïbe de la Colombie. Elle mélange les influences africaines, indigènes et européennes. Les bateaux de négriers en provenance d'Afrique accostent autour du port de Barranquilla et de la rivière Magdalena. Ces esclaves ont tenté de préserver leurs traditions musicales, transformant leurs percussions et danses en rituels de séduction. Mais très vite, cette musique a subi l’influence des instruments des peuples du Nouveau Monde ; les tribus indigènes - Kogui de Colombie et Kuna du Panama -, utilisaient les flûtes gaita et milo pour produire des mélodies claires et répétitives, ainsi que des hochets remplis de graines, les maracas - guacharaca et güiro-, pour marquer le rythme. On retrouve ensuite l’influence de l’Europe dans la forme des textes et des vers qui suivent eux les règles de la poésie médiévale espagnole. Mais cette influence européenne passera aussi par l'importation de divers autres instruments, à commencer par la guitare. L'accordéon, typique du son de la cumbia de l'âge d'or, a lui été amené par les immigrants allemands arrivés à Barranquilla au 19e siècle. La cumbia est donc dès ses origines une musique métisse, hybride et chantée, elle est longtemps restée cantonnée dans la zone caribéenne car elle était considérée comme une musique inappropriée, roturière.

Mais, à partir des premières décades du 20e siècle et l'avènement de l’industrie du phonographe qui permet d’enregistrer la musique, la cumbia va peu à peu être diffusée commercialement dans l'ensemble du pays et à l'étranger. Antonio Fuentes crée le label Discos Fuentes en 1934 à Cartagena, toujours sur la côte nord de la Colombie, un peu au sud de Barranquilla, label qui deviendra un vecteur important de la propagation des musiques tropicales en général. La cumbia quitte alors les zones rurales et devient une danse des classes moyennes et aisées. Cette cumbia enregistrée est influencée par les échanges musicaux internationaux. Des rythmes et des styles comme le fox-trot, le jazz, la rumba, le boléro, le tango, le paso doble, la valse étaient diffusés à la radio, joués sur les phonographes et réinterprétés par les groupes locaux. Le clarinettiste et chef d'orchestre Lucho Bermudez, tout comme son comparse Pacho Galan, s'inspirent des big-bands et du mambo américano-cubain et les mélangent aux traditions locales de la côte. Leurs arrangements de la cumbia rendent son style moins complexe dans sa polyrythmie, plus urbain, plus dansant. Les mélodies à la clarinette, à l’accordéon ou à la guitare se répètent et virevoltent, les rythmes à quatre temps si caractéristiques incitent à la danse.  Mais, qu’on ne s’y trompe pas, malgré ce côté urbain, la cumbia conserve des éléments ruraux, on trouve dans ses rythmes des galops de chevaux et des cris de cowboys.

Pendant la seconde moitié du 20e siècle, la cumbia s'exporte dans toute l'Amérique latine, de l'Argentine au Mexique, où les groupes locaux se la réapproprient. En Colombie, les années 1950 et 60 sont considérées comme l'âge d'or du style, avec des formations comme Los Corraleros de Majagual ou La Sonora Dinamita. Ces groupes ont changé de visage, évoluant des grands orchestres de danse à des combos plus réduits basés sur les cuivres et l'accordéon. Dans les années 1970 et 80, la cumbia perd en popularité au profit du vallenato, un autre genre traditionnel basé sur l'accordéon, puis de la salsa, du disco, du merengue. (ASDS)


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