Amazonie: peuples premiers
Brésil , Amazonie , Amérindien
23 avril 2015
Grande Assemblée de Povo Terena (2017) (photo Mídia Ninja via wikipédia)
Il est aujourd’hui complexe de parler des Indiens, et il faut savoir de quels Indiens on parle vraiment. La population originale était constituée de multiples groupes, qui étaient très souvent nomades, à la culture très distincte selon les régions, et qui ont survécu à l’invasion des Européens de manières souvent très différentes. Les premiers contacts ont été une alternance d’alliance et de désunion, les tribus s’associant aux Européens pour lutter contre des tribus ennemies, les Portugais forgeant des ententes avec les Indiens pour lutter contre les Français, les Espagnols ou les Hollandais. Plus tard, à l’instigation des missionnaires jésuites, les Indiens furent « assimilés » (ils furent entre autres reconnus comme êtres humains par une bulle pontificale) et protégés, à condition qu’ils s’intègrent à la société occidentale et bien sûr se convertissent.
On considère qu’avant l’arrivée des Européens, la population autochtone comptait entre trois et une dizaine de millions d’habitants, selon les estimations. Après un siècle de contact, elle avait diminué de 90%. Cette réduction est à attribuer en premier lieu aux maladies apportées par les colons, et ensuite à l’esclavage et à la violence. La situation par la suite a été très différentes selon les peuples. Certains, comme les Tupis, sur la côte Atlantique, ont été en grand partie assimilés, mais d’autres ont fui vers l’intérieur des terres en cherchant à distancer l’envahisseur.
Il faut de nos jours s’enfoncer profondément dans la forêt amazonienne pour trouver les tribus ayant choisi de conserver leur mode de vie traditionnel. On estime ainsi qu’il existe aujourd’hui 215 peuplades amérindiennes, principalement dans l'ouest et le nord amazonien, possédant toutes leur langue et leur culture propre. Les tribus non-assimilées mais contactées ont un statut légal équivalent à celui de « mineurs protégés », et sont dépourvues de droits civiques. Elles totaliseraient quelques 700 000 personnes auxquelles le gouvernement brésilien a concédé 594 « zones indigènes » (environ 100 millions d'hectares, soit 12% du territoire brésilien). Ces territoires leur sont toutefois disputés par les compagnies convoitant les ressources naturelles et qui continuent à en chasser les habitants, allant jusqu’à organiser des campagnes d’extermination pour s’approprier leurs terres.
Selon les peuples, la musique peut être très primitive, composée essentiellement de chants, auxquels s'ajoutent des instruments fabriqués à partir de ce qu’ils trouvent dans la forêt, ou bien avoir une certaine complexité. Dans la plupart des cas, elle a soit des fonctions rituelles, déterminées par les différentes religions et cosmogonies, soit des fonctions de guérison, lorsqu’elle est employée par les pajés (équivalent brésilien des chamanes), soit encore elle accompagne les occupations de tous les jours. Sa sonorité présente une grande subtilité et complexité, notamment dans les timbres et les hauteurs, ce qui rend difficile sa transcription en partition occidentale. Dans la plupart des cultures, il n'existe pas de notation musicale, et le répertoire des compositions anciennes est transmis par la transmission orale entre les générations.
La voix et le chant dominent dans la musique indigène, mais il existe une grande variété d'instruments d'accompagnement et une série de pièces orchestrales autonomes, généralement associée à la danse rituelle. Les instruments les plus courants sont les percussions et les instruments à vent. Ils sont fabriqués à partir de divers matériaux, tels que des graines, du bois, des fibres, des pierres, de la céramique, des œufs, des os ou des cornes d'animaux.
Les percussions comprennent des bâtons de percussion, des hochets, des clochettes, des calebasses, des maracás, etc. Les tambours sont rares chez les indigènes brésiliens, et on pense que ceux qui existent sont imités des percussions des Européens. Les instruments à vent sont les plus courants et les plus divers, comprenant des instruments comparables aux trompettes, aux clarinettes, aux cornes, aux sifflets et surtout aux flûtes (dont des exemplaires à soufflerie nasale). On trouve également des bourdons qui sonnent lorsqu'on les agite dans l'air. Ils se composent d'un manche décoré relié par une corde à un petit morceau de bois ovale. Lorsqu'on le fait tourner rapidement, le morceau de bois produit un fort bourdonnement. Dans de nombreuses tribus, ils sont directement liés à la mort, étant utilisés lors de cérémonies funéraires et interdits aux femmes et aux enfants (bien que dans certains cas, ils servent au contraire de jouets pour ces derniers).
Dans l’ensemble, les missionnaires catholiques ont été avant tout les complices de l’exploitation et de l’extermination des peuples premiers. Il existe toutefois des cas particuliers, où les autorités religieuses ont choisi de créer des « réductions », c’est-à-dire des villages indigènes fermés, dont les habitants étaient isolés du reste de la population. Ces missions avaient pour double fonction de protéger les indigènes des chasseurs d’esclaves et d’en faire une population soumise, facile à évangéliser. Certaines comme celles rassemblant les Guaranis, installées au sud du pays, à cheval sur la frontière avec le Paraguay et l’Argentine, avaient un fonctionnement particulier, constituant une sorte de théocratie socialiste autonome, dans laquelle la musique avait une place importante. Reconnus pour leurs capacités artistiques et leur maitrise instrumentale, les Guaranis ont été encouragés à développer leur pratique musicale, et les missionnaires leur ont fourni des instruments européens avec lesquels ils interprétaient des pièces classiques et des musiques liturgiques traduites en langue guaranie. (BD)
À Médiathèque Nouvelle
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MH0052 Brésil central: chants et danses des indiens Kaiapo VDE-Gallo, 1989 – enregistrements de terrain entre 1966 et 1981 -
MH0054 Musique du Haut Xingu Ocora, enregistrements de terrain de J.F. Schiano entre 1969 et 1975 -
MH0061 Brésil: Enauene-Naue et Nhambiquara du Mato-Grosso VDE-Gallo, 1995 – enregistrements de terrain de Luis Fernandez entre 1982 et 1994 -
MH0060 Brésil: Asurini et Arara Ocora, enregistrements de terrain entre 1987 et 1990 -
MH0059 Ritual Music of the Kayapo-Xikrin, Brazil Smithsonian Folkways, 1995 – enregistrements de terrain de Max Peter Bauman en 1988 -
MI6812 PARAGUAY: GUARANI ÑANDEVA ET AYOREO OCORA, prod. 2002, enr. 1995-2000. -
MH0056 The Palicour Indians of the Arucua River (Folkways) -
MH0053 Lost Shadows: In Defence Of The Soul - Yanomami Shamanism... Sub Rosa, Prod. 2015, Enr. 1978. -
MH0066 Yjkii: Chants Du Renouveau De La Trad. Mus. Des Karitiana Colophon Records, Prod. 2007, Enr. 2004-2005. -
MH0051 Brèsil: Le Monde Sonore Des Bororo Auvidis/Unesco -
MH0070 Brésil. La Danse Du Souffle - Flûtes Et Clarinettes Kuikuro Ocora, Prod. 2017, Enr. 2006.