Mondorama

Le Nordeste est la première région du Brésil à avoir été découverte et explorée par les Portugais. Il a connu son heure de gloire au 18e siècle avec la culture de la canne à sucre mais est devenue dès le 20e siècle une région très pauvre, avec une forte émigration vers les grandes villes du sud. Il y a trois zones géographiques importantes : les côtes, luxuriantes, et propices à l’agriculture, l'agreste, un peu plus à l'intérieur des terres, et le sertão, une zone semi-aride qui est régulièrement frappée par de grandes périodes de sécheresse. Une grande partie de la population vit dans les zones urbaines, notamment à Salvador, Fortaleza et Recife.

La scène musicale de la région est très active et très variée, les styles ont cependant des points communs : les rythmes sont fort marqués mais plus lents que dans d'autres régions du pays, l'accordéon et la guitare prennent plus de place que les percussions et les chansons sont interprétées avec l'accent nordestin assez nasal. C'est sous l'impulsion de Luiz Gonzaga que ces styles se sont popularisés à travers tout le Brésil dans les années 1940. On y retrouve le côco, le repente, l'embolada, le baião, le forro, le maracatu et le mangue beat. Le carnaval se célèbre un peu partout dans la région, avec le frevo dans l'état du Pernambuco et l'afoxé, le samba-reggae et l'axé à Bahia. Quelques-uns de ces styles sont détaillés ci-dessous, d'autres le sont dans les pages consacrées à Bahia et au Pernambuco.

Comme les troubadours d'Occitanie au Moyen-Age, le Nordeste est parcouru par des chanteurs-poètes nommés repentistas qui racontent des histoires ou improvisent sur l'actualité. Ils doivent suivre des règles préétablies (nombre de vers et de syllabes) et entament des joutes en duo (desafio). Les spectateurs les encouragent, soutiennent l'un ou l'autre en fonction de leur agilité orale, de l'intérêt ou du sens de l'humour des textes dont les sujets sont multiples, sociaux, politiques, drôles, constitués d'injures... L'improvisation du repente peut durer une nuit entière et est souvent accompagnée à la guitare. Même si les interprètes sont parfois analphabètes, leur connaissance de la culture et leur capacité à jouer avec les mots est remarquable.

L'embolada est un style dont la structure est proche du côco mais aussi du repente. Ce sont des joutes, de longues improvisations au chant rapide et scandé, parfois proches du rap américain. Il se joue aux percussions, pandeiro et ganza. Les refrains sont établis, ce qui permet au chanteur de réfléchir à la strophe suivante. Il est chanté en solo et en duo.

Quant au côco, c’est un jeu musical et une danse en cercle d'origine africaine qui existait déjà sur les côtes du Nordeste dès le 18e siècle. A l'intérieur du cercle, les danseurs solistes se défient mutuellement. Le rythme est à deux temps, très syncopé et peut-être issu des chants de travail des Afro-Brésiliens qui cassaient des noix de coco sur les rochers. Jackson do Pandeiro a popularisé le côco, parmi d'autres styles de la côte nordestine. Il est aussi populaire auprès de musiciens actuels comme Silvério Pessoa ou le groupe Electro Côco qui revitalisent les musiques du Nordeste. (ASDS)