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Rock: une gigantesque et exotique Terra incognita


L’acte de naissance du rock au Brésil remonte à 1957 quand le dénommé Cauby Peixoto enregistre « Rock’n Roll em Copacabana ». À l’image de ce qui se fait ailleurs (les Yéyés en France), la phase d’apprentissage correspond à une période d’adaptation de standards américains traduits en portugais à destination du marché local. Très vite, dès le début des années 1960, les artistes passent la télévision – en particulier au sein de l’émission Jovem Guarda de 1965 à 1969, qui, vu son succès, désignera bientôt un style musical à part.

Le durcissement de la dictature militaire dans les années 1970 changera la donne et le rock, perçu comme la manifestation nuisible d’un corps étranger, entrera en semi-clandestinité.  Parallèlement, il se complexifie (rock progressif de Módulo 1000, Vímana) et s'alourdit de pesante manière (développement du hard et du heavy metal).

Le pays enfin libéré du joug des militaires en 1985, une nouvelle génération de groupes  (Blitz, Lobão, Os Paralamas do Sucesso, Titãs...) voit le jour et rivalise de succès "à l'échelon local" avec leurs homologues internationaux. Entre-temps et, séquelle directe de ses géographies particulières sur l’échelle d’un continent nation, une scène punk (Aborto Elétrico) se développe dans l’artificielle et cosmopolite capitale Brasília, tandis que la tentaculaire São Paulo devient un véritable creuset pour toutes les dérivations des musiques électroniques.

Et pourtant, c’est dans le heavy metal que le Brésil réussit son plus beau challenge à l’exportation avec l’acclamé Roots (1996) de Sepultura, qui dédoubla sa furie métallisée (de sons) de percussions provenant d’une tribu indienne. Dans la foulée se distingueront les « prog-métalleux » d’Angra, les hardcoreux plombés de Ratos de Porão et aussi, la dissidence electro-metal initiée par l’ex Sepultura Max Cavalera.

Depuis le début du millénaire, on assiste à un affaissement progressif des codes musicaux régissant la MPB (Música popular brasileira) qui se traduira par l’adoption et la généralisation d’une certaine esthétique rock à l’ensemble des acteurs de la scène brésilienne. Si Vanessa da Mata ou Fernando Catatau maintiennent le cap de la fusion « en interne », une autre génération de groupes « pop / rock / trip hop / electro » ont davantage misé sur l’international en signant sur des labels rock emblématiques (Cansei de Ser Sexy sur l’américain Sub Pop et Bonde do Rolê chez l’anglais Domino), ou en faisant débuter leur conquête de l’intérieur telle l’ex-mannequin Cibelle, petite reine des nuits londoniennes.

 

(d'après le texte de Yannick Hustache dans le Parcours Brésil, avec une discographie plus complète)


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