Mondorama

menu

Changa tuki : beats des barrios de Caracas


Changa tuki (via You Tube)
Un nouveau courant de musique électronique apparaît au début des années 2000, venant des barrios de Caracas. Le changa tuki, une musique aux rythmes rapides, pour danser, se popularise très vite dans tout le pays et même internationalement.

Au début des années 2000 se développe au Venezuela une nouvelle culture du sound system, comme dans beaucoup d’autres pays du monde. A Caracas, ce style est nommé changa tuki ou raptor house. Changa désignait la house et l’eurodance et tuki est un mot péjoratif caractérisant les voyous ou voleurs, mais décrivant aussi le beat : « tuki-tuki-tuki ». Ce nouveau genre de musique électronique est basé sur la house, la tribal house et la techno et a pu se développer grâce à la diffusion de logiciels piratés comme Fruity Loops et du CD-R. Fortement influencé par « Pump Up the Jam » de Technotronic, DJ Babatr (ou DJ Baba The Raptor) (Pedro Elias Corro) crée son propre style, une musique qui mêle sons synthétiques stridents et rythmes rapides (140 à 150 bpm) et agressifs. A cause du climat d’insécurité, mais aussi pour accueillir les plus jeunes, certaines fêtes avaient lieu en matinée ou l’après-midi dans les minitecas, les discothèques mobiles voyagent dans les bidonvilles de Caracas et c’est là que ce changa tuki prend sa source.


Très vite, le style se répand dans les grandes villes du pays sous l’impulsion de DJ Babatr et de DJ Yirvin, tous deux formant la Raptor Crew (l’origine du nom de raptor house), à laquelle se joindront DJ Linares, DJ Deep, DJ Elieser, DJ Armanda, DJ Byakko et d’autres.  Un code vestimentaire s’y associe, marqué par des jeans serrés, des t-shirts colorés, des casquettes couvrant presque les yeux, des Nike et des coupes de cheveux audacieuses, souvent avec décoloration. S’y joint également une danse très athlétique, énergique, aux mouvement saccadés qui répond aux beats de la musique et dont le principal représentant devient Elberth « El Maestro ». Au départ, les groupes des différents quartiers s’affrontaient souvent armés de couteaux et défendant leur territoire, bagarres qui deviennent des battles dansées. Au fil des ans, le changa tuki se décline en hard fusion, tuki bass, street house et raptordrill.


Initialement considéré comme un style des bas-fonds, des délinquants et reflétant les tensions et la violence de ces quartiers, le changa tuki a cependant permis à une partie de ce même public de s’émanciper et de réussir professionnellement, par exemple en fondant des écoles de danse. Le mouvement a connu un premier point d’orgue vers 2006-07 avant de s’essouffler un moment, visé par des lois interdisant les matinées. Le mouvement était en effet considéré comme responsable de nombreux problèmes sociaux et de violence. Il reprend de la vigueur dans les années 2010, se diffusant plus largement et plus internationalement. Pocz et Pacheka forment l’Abstractor Crew, redynamisent le style et remettent à l’honneur les DJ, les producteurs et les danseurs, élargissant aussi le public. Le groupe portugais Buraka Som Sistema s’est alors approprié les rythmes du tuki, en parallèle avec le kizomba et le kuduro angolais et l’azonto ghanéen, entre autres. A partir de 2018, suite à la crise économique et à une importante migration au Pérou, le style devient très populaire dans ce pays. (ASDS)

Playlist - Musiques du Venezuela


À Médiathèque Nouvelle

Nous utilisons des cookies pour améliorer l’expérience utilisateur et analyser le trafic sur notre site web. En cliquant sur “Accepter tous les cookies“, vous consentez à l’utilisation de cookies sur notre site web.