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La musique des plaines : harpes et guitares du joropo


Ulises Gamarra - El Ruiseñor del Llano, une photo de Blanco Gamarra (via wikicommons)
L’âme musicale du Venezuela se retrouve dans un style bien particulier, le joropo, joué sur des instruments à cordes. C’est également une danse très populaire.

Une des musiques les plus représentatives et emblématiques du Venezuela est le joropo, faisant partie d’un ensemble plus large, la llanera (du mot llanos, plaine), parfois aussi nommée musica criolla. Il représente l’âme du pays, la musique des grandes plaines qui courent d’est en ouest depuis les derniers contreforts des Andes jusqu’au delta de l’Orénoque. On peut le mettre en parallèle avec son pendant colombien. Ces llanos ont eu une grande importance dans la construction identitaire du pays à l’époque de guerres d’indépendance, les populations locales se ralliant à la cause de Simón Bolívar.


Cette musique de fête et de danse est jouée sur divers instruments mais les plus caractéristiques sont la harpe, le cuatro (une petite guitare à quatre cordes) et la bandola (une petite mandoline, aussi à quatre cordes). Ces instruments sont accompagnés de maracas qui sont d’origine amérindienne, mais aussi parfois de tambours et d’autres petites percussions.


Le joropo est né de la rencontre entre différents instruments, formes poétiques et danses venant à l’origine d’Andalousie. Harpes et vihuelas étaient très populaires en Espagne au moment de la conquête et les colons les ont emmenés avec eux au Venezuela où ils se répandent dans l’ensemble du pays, jusque dans les milieux ruraux où ils ont été joués par les amérindiens, les métis et esclaves noirs dès le 17e siècle. La danse de couple aux rythmes rapides qui accompagne la musique emprunte des figures à d’autres danses d’origine coloniale comme le zapateo ou l’escobillao. Au fil du temps, les styles locaux se différencient de plus en plus de la musique jouée dans les salons aristocratiques, se transmettant par tradition orale et incluant des influences africaines dans les rythmes. S’il est né dans les campagnes, le joropo s’est répandu partout dans le pays à partir des années 1950, dans toutes les couches de la population, devenant un genre national.


Il existe divers styles régionaux utilisant des instruments différents : le joropo oriental est caractérisé par la combinaison de la mandoline, de la bandola oriental, du cuereta (un petit accordéon) et de la marimbula (un genre de lamellophone) tandis que la harpe est l’instrument phare du joropo central et du joropo llanero. Toutes ces variantes sont cependant construites autour de deux formes principales : le golpe, très direct et aux phrases courtes basées sur les coplas, et le pasaje, plus lyrique et mélodique. Les parties chantées sont également importantes : les textes sont poétiques, très ancrés dans la nature.


Durant les années 1970 et 1980, des groupes comme Serenata Guayanesa ou ConVenezuela se sont formés, renouvelant l’enthousiasme pour cette musique. La constitution de 1999 a renforcé ce mouvement en insistant sur les valeurs culturelles du pays, soutenant donc les musiques par l’intermédiaire d’une meilleure information et documentation, ainsi que par l’enseignement. Le gouvernement a indirectement soutenu le style en créant un orchestre symphonique pour jeunes, dans lequel ils ont reçu une excellente formation musicale et appris les techniques instrumentales. Ils ont par la suite créé des groupes jouant de la musique régionale traditionnelle. A la même époque, l’état a également permis la création d’institutions finançant la recherche ethnomusicologique et a soutenu la production discographique comme en témoignent les disques ¡Canto con Venezuela! de Serenata Guayanesa, ¡Parranda! et ¡Y que viva Venezuela! sortis par le label américain Smithsonian Folkways. (ASDS)


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