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Musique afro-vénézuélienne : percussions venues d’Afrique et religion chrétienne


Vendeur de tambours vénézuéliens, une photo de Luis Miguel Badolato Otero (via wikicommons)
Au Venezuela, les percussions d’origine africaine sont très souvent jouées lors de fêtes religieuses et de processions chrétiennes, montrant le mélange des cultures et des traditions. Elles sont accompagnées de chants d’origine espagnole.

Même si le Venezuela a au premier abord déçu le colonisateur espagnol à cause de l’absence d’or, il s’est vite rendu compte qu’il pouvait tirer un grand profit de la culture du cacao. Il y a donc amené des esclaves d’origine africaine dès le 16e siècle pour combler le besoin important en main d’œuvre dans les plantations. Ces femmes et hommes venaient essentiellement de deux régions : le golfe du Bénin et le bassin du fleuve Congo. Ils ont régulièrement tenté de se soulever ou de fuir à l’intérieur des terres qui étaient d’un accès difficile, ce qui a contribué au marronage et à la création de communautés autonomes d’esclaves en fuite nommées kilombos ou palenques.


Dans les villes se créent des cabildos, contrôlés par les autorités coloniales et ecclésiastiques. Celles-ci permettaient aux esclaves d’organiser des fêtes religieuses mais elles ne se sont pas rendues compte que le christianisme s’est alors mélangé aux anciennes pratiques venant d’Afrique. L’arrivée précoce de ces esclaves africains et l’accès géographique difficile ont permis la conservation de traditions anciennes, malgré les tentatives des Espagnols de contrôler la musique en réprimant l’usage des tambours et en interdisant les danses considérées comme trop lascives.


Aujourd’hui, la population afro-vénézuélienne vit essentiellement sur la côte. Dans les villages résonnent des musiques aux accents africains, dont les caractéristiques principales sont les gammes pentatoniques, le chant responsorial entre chœur et soliste et la complexité rythmique du jeu des tambours. Elle est fortement teintée de syncrétisme religieux entre les cultures noire et blanche, intégrant également des éléments amérindiens. Au fil du temps, et tout particulièrement après l’abolition de l’esclavage qui a eu lieu parallèlement aux guerres d’indépendance vénézuélienne (1811-1821), ces populations se sont rassemblées en cabildos, cofradías et diablos pour prier les dieux africains sous le couvert du culte des saints catholiques.


Le mélange entre traditions chrétiennes et africaines est aujourd’hui encore omniprésent. Les tambours sont joués lors des fêtes de Saint Jean en juin et de Saint Benoît en décembre mais également au fil de l’année, rythmant le calendrier. Ces célébrations peuvent prendre plusieurs formes. Lors de certaines, des chansons d’origine espagnole sont interprétées la veille : coplas et fulias aux textes poétiques, tandis que le rythme est scandé par les battements des mains et des tambours ou par un cuatro et des maracas. La fête de Corpus Christi rappelle les processions du Moyen Age : des diablos, vêtus de robes colorées et portant des masques d’animaux, accompagnés par de petites percussions (maracas et guiro), des tambours et des guitares cuatro célèbrent la lutte entre le bien et le mal. Lors d’autres cérémonies, les tambours sont joués toute la nuit. Il existe différents types, à une ou deux peaux, et de tailles diverses.


De nombreux groupes de percussions actuels ont ravivé les traditions anciennes. Parmi ceux-ci on peut citer Grupo Madera, qui a été fondé au début des années 1980 et a compté jusqu’à 18 membres. Il joue un mélange de percussions afro-vénézuéliennes, de latin jazz, de musica llanera, de salsa et de musiques influencées par la santeria cubaine. Huracán del Fuego, groupe de Maracaibo, s’intéresse moins aux musiques de fusion et se base sur des recherches et collectages, notamment autour des tambours cumaco d’origine congolaise et utilisés dans le culte de Saint Benoît. Un autre groupe fort actif est Los Vasallos del Sol. (ASDS)


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