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Années 1960-80 : cancion popular, candombe rock et folk expérimental


Los Olimareños (via wikicommons)
A partir des années 1960, des musiciens uruguayens ont rejoint le mouvement plus large de la nueva cancion mais ils ont également créé un style hybride, le candombe rock.

A partir de la fin des années 1950, beaucoup de musiciens uruguayens retournent à leurs sources et s’intéressent aux musiques traditionnelles, suite au travail de recherche du musicologue Lauro Ayestarán (1913-66) qui a écrit de nombreux articles sur le sujet et produit des émissions radio. C’est une manière pour ces artistes de se distancier quelque peu de la déferlante pop et rock. Beaucoup d’autres ont en effet été séduits par les Beatles et les Rolling Stones et ont imité leur style, interprétant des chansons en anglais. Cette génération intéressée par les traditions est menée par Daniel Viglietti, Alfredo Zitarrosa et le groupe Los Olimareños. Ils combinent les influences rurales avec les musiques urbaines comme le tango, le candombe et la murga dans certaines de leurs compositions mais développent également un style de protest song ou de nueva cancion, rejoignant un mouvement plus large en Amérique Latine.


Parallèlement, le rock monte en puissance et atteint son apogée au début des années 1970. Des musiciens comme Eduardo Mateo (du groupe El Kinto), Ruben Rada (d’abord avec El Kinto puis avec Totem) et Mike Dogliotti ajoutent à leurs chansons des influences africaines, créant le candombe beat ou candombe rock. Ce style utilise les rythmes du candombe tandis que la structure des morceaux et les accords s’inspirent de la bossa nova, du rock et des chansons traditionnelles uruguayennes. En jazz également, il y a un désir d’expérimentation, notamment chez Manolo Guardia et les frères Hugo et Osvaldo Fattoruso.


Le coup d’état militaire de 1973 et la dictature qui s’ensuit mettent un coup d’arrêt à l’effervescence culturelle et au cosmopolitisme du pays. Le régime a poursuivi de nombreux artistes de la scène folk et rock et de la communauté afro-uruguayenne. Mais quelques musiciens ont continué à composer des morceaux, créant une fusion entre folk et rock et s’inspirant pour certains du tropicalisme brésilien.


Au moment où la répression était la plus forte, en 1977, la créativité est à son apogée dans un mouvement qui est alors nommé canto popular urugyayo. Les chansons folk de type nueva cancion sont d’autant plus présentes, interprétées notamment par Viglietti et Zitarrosa, qui écrivent des textes protestant contre la dictature. Tous deux seront poursuivis et partiront en exil à l’étranger. Ruben Rada, qui faisait partie de Totem mais qui a quitté le groupe en 1972, continue sur la voie du candombe beat, mêlant rythmes afro-américains, jazz et rock psychédélique tandis qu’Eduardo Mateo ajoute à ses compositions de la samba et de la bossa nova. Une nouvelle génération d’artistes émerge en parallèle. Dino (Gastón Ciarlo) tend vers le rock mais toujours en utilisant des éléments du candombe et de la milonga. Los que Iban Cantando est un groupe d’avant-garde mais possède malgré tout une forte identité latino-américaine. Il y a aussi Eduardo Darnauchans qui interprète des chansons aux mélodies délicates et aux textes élaborés, Carlos « Pajarito » Canzani qui mélange genres traditionnels et rock et le duo composé d’Eduardo Larbanois et Mario Carrero qui s’intéressent aux chansons traditionnelles. Les concerts que ces musiciens donnent deviennent des actes politiques, même si c’est à mots couverts.


Au début des années 1980, l’emprise de la dictature commence à se relâcher et ce début d’ouverture a marqué une nouvelle étape pour les musiques, divers artistes exilés revenant au pays. C’est l’époque de Fernando Cabrera, Mariana Ingold, Leo Masliah, Jorge Galemire ou Estela Magnone. Ils rejoignent les artistes populaires des années 1970, Jaime Roos, Eduardo Darnauchans, ainsi que Ruben Rada, Eduardo Mateo et les frères Fattoruso, toujours actifs. Ils s’inspirent de la scène internationale, de la pop et de la new wave de l’époque, de The Cure à Cocteau Twins en passant par les Talking Heads et y ajoutent des sonorités du tango, du candombe, de la bossa nova et de la murga.


Jaime Roos est une figure particulièrement importante. Il introduit en 1984 le premier synthétiseur polyphonique en Uruguay après avoir passé quelques années en exil en Europe, et ces instruments deviennent très populaires. Les guitares restent présentes, mais en combinaison avec l’électronique. Roos mélange les sonorités synthétiques avec des éléments authentiques de la murga (les chœurs) et du candombe (les percussions). (ASDS)


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