Mondorama

Les fêtes du carnaval sont marquées par le candombe, mais il existe une autre tradition importante, la murga. Il s’agit d’un genre de théâtre musical dont les origines se retrouvent dans la zarzuela espagnole, un type d’opéra-comique, mais s’inspirant également de la commedia dell’arte italienne. La légende raconte qu’une troupe espagnole était en tournée à Montevideo au début du 20e siècle et comme la salle de théâtre est restée quasi vide, elle a proposé une représentation dans la rue. Une nouvelle tradition s’est créée, reprise d’année en année par divers groupes, qui en ont profité pour parodier le style espagnol et développer une forme musicale locale et inédite nommée murga qui mélange la tradition chantée espagnole aux rythmes locaux, notamment les percussions du candombe.

Pendant des décennies, le style a été considéré comme vulgaire mais il est devenu très populaire à partir des années 1970-80 auprès des Uruguayens blancs qui ont trouvé avec cette musique un prétexte pour participer aux fêtes de carnaval jusqu’alors dominées par les comparsas de candombe. Au fil des années, l’improvisation des débuts s’est estompée et c’est devenu un genre très structuré et reconnu comme important par les autorités.

Les troupes comptent entre 13 et 17 chanteurs, danseurs et acteurs, en principe des hommes uniquement. Le chant choral, en harmonie, alterne avec des voix en solo et est accompagné d’un trio de percussions nommé batería de murga (tambour basse bombo, caisse claire redoblante et cymbales platillos). Les visages sont maquillés, ressemblant à des masques, et les costumes sont grotesques et bizarres. Les personnages féminins sont joués par des hommes de manière exagérée. En général, un thème précis est mis en avant. Il s’agit souvent de commentaires sociaux ou politiques, parodiant un événement de l’année précédente.

Au fil de la saison du carnaval, la tension monte et le public est pressé de connaître le gagnant de la compétition annuelle. Les chansons de la pièce victorieuse deviennent des hits joués à la radio et à la télévision, quittant ainsi le contexte strict du carnaval. Certains morceaux appartiennent désormais au canon culturel uruguayen. Beaucoup d’artistes populaires qui interprètent d’autres styles ont également des chansons de type murga dans leur répertoire, comme José Carbajal, Jaime Roos, Ruben Rada ou Daniel Viglietti dont l’article suivant reparlera. Parmi les groupes récents, on peut citer Patos Cabreros, Saltimbanquis, Contrafarsa, Diablos Verdes et Anti-Murga B.C.G. qui a beaucoup innové en la matière. (ASDS)