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Maqam et shashmaqam – les musiques classiques ouzbèkes


Turgun Alimatov et Alisher Alimatov

La musique classique ouzbèke se rattache à un ensemble plus large, celui de la tradition arabo-musulmane qui s’étend du Maghreb au Xinjiang en Chine. La musique d’art atteint son apogée au 15e siècle à la cour des émirs et khân des grandes villes de la région, Boukhara, Samarkand, Khiva et Kokand en Ouzbékistan, ainsi qu’au Tadjikistan et au Xinjiang. A cette époque, les arts, la littérature et les sciences étaient florissants et ce passé a légué un héritage culturel très riche.

 

Durant l’ère soviétique, le maqâm a été considéré pendant longtemps comme une tradition féodale ; il était également mal vu à cause de ses liens avec la pratique du soufisme, mais à partir des années 1950-60, il a été utilisé pour promouvoir un certain folklore « national ». Comme dans d’autres pays qui ont été sous l’influence de régimes communistes, la musique « académique » était l’expression d’un nationalisme artificiel imposé par le gouvernement soviétique. Le régime a sponsorisé des ensembles d’état et créé des académies. Divers instruments ont été ajoutés au jeu des solistes pour créer des ensembles de plus en plus grands: le luth dutar, la cithare chang, le luth rebab, la flûte ney. Le maqâm a perdu son intimité et a été interprété de manière grandiose, avec maître d’orchestre et chœurs.

 

Par conséquent, la tradition ancienne a été menacée de disparition. A l’époque, les maîtres chantaient souvent en solo ou duo, et non avec un ensemble plus étendu. Ils connaissaient un répertoire immense qu’ils interprétaient accompagnés de leur instrument. Ce répertoire a heureusement été en partie préservé par de nombreux enregistrements radiophoniques entre les années 1930 et 1970. Aujourd’hui, il connaît un regain d’intérêt.

 

Cette tradition savante se caractérise par l’utilisation de modes, les maqâms, de suites (les noubas, les fasl…), de cycles rythmiques et de textes poétiques. En Ouzbékistan, il existe diverses traditions régionales : le shashmaqâm de Boukhara (ou six maqâms), très codifié, le maqâm du Khorezm, au répertoire bien distinct et le maqâm du Ferghana, au répertoire moins organisé et à l’interprétation plus libre. Ce répertoire est imprégné de mysticisme et des valeurs du soufisme. En dehors de ce corpus très codifié et structuré, conçu à l’origine pour de longs concerts à la cour ou dans les palais des notables, existent d’innombrables chants qui, tout en étant de facture classique, touchent un auditoire plus large.

 

Les maqâms sont en général accompagnés par les luths tanbur et dutar, et par la vièle à pique ghijak, aujourd’hui souvent remplacée par le violon. Un tambour sur cadre doira vient parfois rejoindre l’ensemble. Le chant possède des caractéristiques spécifiques : il peut couvrir deux octaves ou plus et est très modulé et ornementé. (ASDS)


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