Mondorama

menu

Musiques populaires – Original Pilipino Music, pinoy pop et budots


Dj Love, Boiler Room Manila (via youtube)
Au côté des musiques strictement locales, plusieurs genres populaires se sont répandus dans tout l’archipel. C’est le cas de l’OPM, Original Pilipino Music, et de styles occidentaux « philippinisés » comme le pinoy rock, le pinoy hip hop ou le pinoy metal. A Davao City est né un nouveau style de musique électronique, le budots

Les musiques populaires nationales philippines naissent dans les années 1970. Si la volonté n’était pas de chercher consciemment à unifier le pays, plusieurs styles apparaissent alors qui vont dépasser les barrières culturelles et linguistiques que représente un archipel aussi hétérogène, et se diffuser dans tout le pays. Le Manila sound est souvent considéré comme leur ancêtre commun. Fusion hétéroclite de plusieurs styles, pop, rock, soul, funk, disco, le genre est plus un représentant de son époque qu’un style particulier. Son spectre allait de balades langoureuses comme « Ikaw ang Miss Universe ng Buhay Ko » du groupe Hotdog à des clones de Village People comme « Takawan » des Hagibis. Sa particularité était toutefois de ne plus se contenter de reprises de morceaux occidentaux traduits, mais d’être constitués de morceaux originaux écrits en taglish, le pidgin mélangeant anglais et tagalog. 


Le style, très léger et insouciant, sans doute en compensation de son contexte, les années sombres de la dictature, a progressivement laissé la place à des arrangements plus ambitieux, plus complexes, pour donner l’OPM (Original Pilipino Music). Ce style pop, chanté lui aussi principalement, mais pas exclusivement, en taglish, a dominé la scène jusqu’à il y a peu. Si le genre est aujourd’hui toujours présent, le terme d’OPN s’est élargi et brouillé pour finir par désigner toute forme de musique pop philippine. Ses précurseurs les plus connus sont le chanteur folk Freddie Aguilar et le pianiste Ryan Cayabyab. Ils entraîneront à leur suite une nouvelle génération d’artistes comme Kuh Ledesma, Zsa Zsa Padilla, Basil Valdez, Gary Valenciano, Martin Nievera ou encore Regine Velasquez.


Les Philippines ont absorbé et adapté un grand nombre de genres étrangers qui ont donné naissance à des formes hybrides, plus ou moins éloignés de leur source, comme le pinoy rock, le pinoy reggae ou encore le pinoy hip hop. Si ces genres se limitaient au début à une imitation de leurs influences, et à des reprises ou des copies en langue anglaise, ils se sont progressivement affranchis pour trouver une personnalité propre. L’usage du taglish, puis des langues régionales, a contribué à les différencier des modèles occidentaux et américains, et à leur apporter un succès local. Dès les années 1970, des artistes comme Sampaguita, Florante, Mike Hanopol ou encore Heber Bartholome ont répandu le pinoy rock dans tout l’archipel.


La musique a de tous temps été associée dans les Philippines aux mouvements de protestations sociales et politiques. Les premiers exemples sont les chants révolutionnaires qui ont accompagné les luttes pour l’indépendance, et la tradition s’est poursuivie durant les années qui suivirent. L’hymne national, « Lunang hinirang » était ainsi à l’origine un chant contestataire de Julian Felipe, avec un texte de José Palma. La chanson « Bayan Ko », écrite au départ en 1929 pour protester contre l’occupation américaine, est devenue dans les années 1980 un chant de ralliement contre la dictature du président Marcos. La musique et les chansons, tous genres confondus, sont restés à partir de cette époque une constante de tous les mouvements de luttes, durant la période de la loi martiale, comme après la révolution. Le rock et le hip hop ont poursuivi cette tradition commencée par les musiciens du kundiman traditionnel d’aborder des thèmes de critique politique dans leurs chansons. Parmi les artistes engagés, il faut citer Jess Santiago, Inang Laya, Napoleon Abiog, Aloysus Baes, les groupe Asin et The Jerks, et les déjà mentionnés Freddie Aguilar et Heber Bartholome. 


Un genre urbain de techno philippine, le budots, est né à Davao City à la fin des années 2000. Il mêle house, eurodance, samples de musique locale et textes en langues bisayas. À l’origine associé à la pègre des quartiers pauvres, et à la consommation de stupéfiants, le style s’est distancié de ces assimilations négatives pour devenir une forme populaire de musique de fête, jouée autant dans les clubs que dans des lieux publics comme des terrains de sport. Plusieurs djs se sont fait un nom en diffusant ce style, comme DJ Love, CamusBoyz ou D’Squared Cru. Aujourd’hui très répandu sur Tik Tok, le budots a souvent été controversé pour son coté vulgaire et sa récupération par le alors futur président Duterte et d’autres politiciens populistes. 


Aujourd’hui la scène électronique et expérimentale philippine est extrêmement vivante, soutenue par des structures diverses telles que des radios locales comme MCR (Manila Community Radio) ou WSK (qui organise également un festival renommé) ou des collectifs comme BuwanBuwan. Centré sur la capitale, Manille, elle fonctionne en parallèle (et souvent en opposition) à la scène commerciale proposant uniquement une techno internationale banale, à destination des touristes, à l’exclusion des artistes philippins. Cette nouvelle génération s’organise de manière autonome et collective et est soutenue par des musiciens comme Tengal, Caliph8, Like Animals, BIN5, Jorge Wieneke, Kyle Quismundo, lui, jpHill et bien d’autres. (BD)


 


À Médiathèque Nouvelle

Nous utilisons des cookies pour améliorer l’expérience utilisateur et analyser le trafic sur notre site web. En cliquant sur “Accepter tous les cookies“, vous consentez à l’utilisation de cookies sur notre site web.