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Bali, des gamelans rituels au cœur des villages


Gamelan gambang

A Bali, le centre de la vie culturelle se trouve dans les temples des villages. Musiques et danses sont à la fois divertissement et offrandes aux dieux et aux esprits. Chaque événement de la vie balinaise est une occasion pour organiser une cérémonie ou un festival.

 

Fruit d'une longue évolution et marquée par diverses traditions, la culture balinaise possède des caractéristiques propres. Elle a subi les influences des peuples protomalais qui s'y sont installés vers 3000 av. J.-C., puis du bouddhisme (IVe siècle de notre ère) et de l'hindouisme (XIIIe siècle). A la fin du XVe siècle, les princes et les nobles javanais de l'empire de Majapahit qui régnait sur Java se réfugient à Bali, suite aux assauts répétés des conquérants musulmans. Ils emmènent avec eux toute une culture musicale qui continue à se développer sur l'île.

 

Au tournant du XXe siècle, appauvris par la colonisation hollandaise, les cours royales ne peuvent plus soutenir les ensembles de gamelan et ils les cèdent aux communautés villageoises. Dès lors, la musique savante et la musique populaire s'entremêlent sans qu'il ne soit toujours possible – ni nécessaire - de faire une distinction. Aujourd'hui, les gamelans sont joués par les membres de la communauté, des amateurs pour la plupart et la transmission est orale.

 

Les gamelans balinais sont fort différents de ceux de Java et Sunda qui ont un style plus doux et mélodique. Il existe différentes configurations, allant d'un ou deux métallophones à des ensembles bien plus importants. Dans ceux-ci, les percussions mélodiques dominent: métallophones gèndèr, gangsa et saron, xylophones en bambou grantang, rindik et gambang et petits gongs à mamelons terompong et réong. Des gongs isolés, suspendus ou couchés, marquent la ponctuation. Les tambours kendang, absents des ensembles les plus anciens, marquent le rythme et indiquent les changements de tempo et de dynamique. Ceux-ci ont pris de l'importance au cours des siècles. L'organisation des instruments se fait par trois, suivant les règles plus générales de la cosmologie balinaise.

 

Chaque village possède un ensemble, voire plusieurs. Ils sont souvent fort réduits en taille et très anciens, mais dans beaucoup de cas, le métal des instruments a été fondu pour les transformer en gamelan Gong Kebyar. Parmi les gamelans rituels les plus anciens, datant peut-être même de l'époque pré-hindouiste, il faut citer le gamelan Selonding du village de Tenganan à l'est de Bali. Aujourd'hui très rare, il appartient aux communautés des Bali Aga, la population qui habitait Bali dès les origines et qui n'a que peu subi l'influence des cours palatines. Ce type d'ensemble est heptatonique et la structure complexe des compositions les rendent difficiles à jouer. Une partie du répertoire est sacré et ne peut être interprété hors du contexte rituel ni être enregistré. Il est composé d'instruments en fer et sa sonorité est très cristalline.

 

Plus nombreux mais fort étranges et compacts, les gamelans Gambang associent deux métallophones et quatre xylophones en bambou. Ils sont le plus souvent joués lors des cérémonies de crémation, la nuit, lors des veilles funéraires. La musique est censée protéger l'esprit de la personne décédée, esprit qui est toujours proche du corps et qui pourrait être attaqué par des esprits malveillants flottant dans les parages.

 

Les gamelans Gong dérivent des ensembles Selonding et Gambang. Le gamelan Gong Luang ou Gong Saron rassemble un nombre d'instruments réduit et possède un répertoire pour les cérémonies funéraires et les danses de temple. Il est composé d'instruments en bois et en bronze et la combinaison des deux matières produit un son profond et serein, quasi mystique. Les rythmes sont lents et calment les auditeurs ainsi que les âmes des morts.

 

Le gamelan Gong Gédé, un grand ensemble constitué d'instruments en bronze, est très proche. Il n'en reste que quelques-uns sur l'île, notamment à Batur dans le nord où il est lié au temple. Il est protégé par les divinités du volcan Batur tout proche. Son répertoire très ancien est sacré et ne peut être joué que par certaines personnes. Utilisé au cours de l'histoire lors des cérémonies royales, il possède aujourd'hui un répertoire de morceaux pour accompagner les rituels des temples et les danses masquées topeng. (ASDS)


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