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Kecak - le gamelan vocal de Bali


Kecak

Parallèlement aux musiques instrumentales pour gamelan existe également à Bali une tradition vocale assez extraordinaire, tradition qui a depuis toujours marqué l'esprit des auditeurs. Le kecak est en effet très particulier: les voix humaines remplacent le gamelan et créent rythme et musique par le biais d'onomatopées. Ce style vocal est né de l'évolution d'un rite de transe ancien, le sanghyang, et est devenu un spectacle à grande valeur touristique.

 

Le sanghyang est une cérémonie magique pré-hindouiste qui est encore parfois exécutée dans les villages lors de rituels dans les temples. Pendant celle-ci, un chœur d'hommes (cak) assiste deux jeunes vierges à entrer en transe pour qu'elles chassent de la communauté les forces obscures, le malheur et le mal. Dans les années 1930, le peintre et musicien allemand Walter Spies, troublé par ces cérémonies, souhaite partager sa fascination avec un public plus large. Il suggère à ses amis balinais de sortir les chœurs cak de leur contexte pour créer un spectacle théâtral élaboré sur le thème du Ramayana et destiné à un public occidental. Dans les années 1960, le Conservatoire de Denpasar s'empare de ce répertoire et crée la version moderne du kecak, avec une mise en scène très travaillée mais condensée et comprenant des parties de ballet.

 

Le Ramayana est une épopée hindoue qui a inspiré de nombreux styles musicaux et théâtraux dans le monde indo-asiatique. Dans le kecak, l'épisode mis en scène est celui de l'armée des singes – représentée par le chœur – qui aide le roi Rama à sauver Sita, sa reine, des griffes du roi-ogre Rahwana. L'ensemble vocal comprend en général entre septante-cinq et deux cents personnes qui chantent ensemble ou plutôt crient de manière assez perçante, répétant un tchak-ka-tchak continu. Assis en cercles concentriques, torse nu, les interprètes bougent le haut du corps et dressent les bras en l'air en fonction des rythmes du chant. Celui-ci fonctionne selon les mêmes principes que le gamelan: sept voix distinctes s'associent et s'entremêlent en alternance, reproduisant les cris d'une horde de singes à l'attaque. Cette unité de mouvement et ces cris rappellent le rituel d'exorcisme ancien.

 

Le kecak est un style qui a été modelé par le tourisme et propose une forme théâtralisée des traditions anciennes que les artistes indonésiens ont transformées pour les rendre plus passionnantes pour le public étranger. La forme d'origine, la signification et la durée des représentations traditionnelles sont modifiées, masquant les qualités spirituelles qui les rendaient vibrantes et puissantes.

 

A côté du kecak, il est intéressant de citer une autre création touristique inspirée des barongs, les masques hébergeant les esprits protecteurs. Ils ont à l'origine un pouvoir magique et exorciste, leur caractère est sacré. Ils aident les hommes à contrôler les esprits surnaturels et à repousser épidémies et calamités. Accompagnés d'un gamelan portable, le gamelan Batèl, les personnages masqués parlent, chantent et bougent tout en improvisant des dialogues humoristiques qui prennent la forme poétique pantun. Aujourd'hui, le barong est avant tout un spectacle pour touristes, mettant en scène la reine maléfique Rangda, chef d'une armée de sorcières, dans son combat avec les forces du bien représentées par le Barong, une créature mythologique ressemblant à un lion. Un passage tout particulièrement impressionnant montre les guerriers en transe se transperçant le torse avec leur poignard kriss. (ASDS)


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