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Les Moluques, les îles des épices


Tifa des Moluques

Nommé par les marchands arabes Jazirat-al-mulk, le pays aux nombreux rois - sans doute à cause de la profusion de sultanats rivaux qui y régnaient - l’archipel a très tôt vu l’installation de comptoirs commerciaux. Les négociants du monde entier y étaient attirés par la production locale d’épices, cannelle, muscade et girofle, qui étaient ensuite exportées par voie maritime vers la Chine et la route de la soie.

 

Au XVe siècle, les Portugais s’emparent de l’archipel, et le rebaptisent Maluco. Ils entreront en conflit avec les Espagnols et plus tard avec les Hollandais qui garderont le contrôle jusqu’à l’indépendance de l’Indonésie à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les Hollandais tenteront de conserver le pouvoir dans les Moluques et combattront les forces gouvernementales avec les soldats indigènes de leur ancienne armée coloniale. Ils cèderont finalement le territoire en 1949, mais malgré l’amnistie accordée par l’état une grande partie des rebelles quittera le pays pour s’installer aux Pays-Bas avec leur famille.

 

Les Moluques sont aujourd’hui divisées en deux provinces, Maluku, c’est-à-dire le centre et le sud de l’archipel, en majorité chrétien, et Maluku Utara, le nord en majorité musulman. Les habitants des Moluques sont très métissés. Les Indiens, les Arabes, les Chinois et les Portugais s’y sont mélangés aux peuples d’origine malaise et papoue, auxquels il faut encore ajouter les marins bugis de Sulawesi ainsi que des Javanais. Quelques ethnies autochtones vivent encore au centre de certaines îles où ils furent repoussés dans les années 1970 par l’arrivée de migrants encouragés par le gouvernement Soeharto à venir de Sulawesi et de Java, frappées par la surpopulation. Cette diversité n’empêche pas les Moluquois d’être parmi les populations les plus occidentalisées de la région.

 

La musique est toutefois concentrée autour des croyances traditionnelles et du culte des ancêtres et des esprits de la nature. En dépit des tentatives des missionnaires pour interdire les danses et les chants traditionnels et leurs efforts pour détruire les statues des ancêtres qui étaient vénérés à ces occasions, la culture locale a souvent été combinée de manière syncrétique aux rituels chrétiens. Dans le nord une semblable fusion s’est opérée entre les formes traditionnelles, la danse ronggeng ou les rituels de guérison salai jin. On trouve également des emprunts à la culture musulmane comme les chants religieux hadrat, amroh ou salewat, ou encore le rituel de transe dabus.

 

Les instruments dominants sont les percussions: tambour tifa (ou tipa) et gongs totobuang, auxquels s’ajoutent parfois dans la partie musulmane des tambours sur cadre rebana ou tambours à deux faces marawas, accompagnés du luth gambus et de voix. On trouve également des instruments indigènes comme la guimbarde berimbak, des flûtes de bambou et des instruments à cordes, ainsi que des instruments occidentaux.

 

La musique des Moluques connaît également l’influence de la musique polynésienne, qui se retrouve dans plusieurs styles, notamment dans les orchestres de « kroncong hawaiien » des années 1950 et plus récemment dans la pop-Ambon, originaire de la ville du même nom, capitale de la province des Moluques. Quoique local, le genre a connu un certain succès de mode dans le reste de l’Indonésie. (BD)


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