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Sulawesi – cultes anciens et musiques modernes


Statuettes funéraires des Toraja - photo: Anne-Sophie De Sutter, 2000

Sulawesi (anciennement Célèbes) est la quatrième plus grande île de l’Indonésie, mais elle ne représente que 7% de sa population. Les principaux groupes ethniques qui l’habitent sont les Minahasa, les Mandar et les Gorontalo dans la partie nord, les Bugis, les Makassar et les Toraja dans la partie sud. Ces peuples sont très différents les uns des autres et se répartissent en cultures soit majoritairement musulmanes, soit majoritairement chrétiennes, avec des particularismes locaux hérités des traditions animistes. Chaque groupe possède sa propre musique soit indigène soit inspirée (voire importée) du reste de l’Indonésie

 

Ainsi la musique des Gorontalo, ainsi que celles des Mandar, au Nord, deux peuples majoritairement convertis à l’Islam depuis le XVIIème siècle, est principalement constituée d’une version locale de la musique pour le luth gambus et de chants accompagnés du tambour sur cadre rebana, que l’on trouve à travers toute l’Indonésie musulmane.

 

Les Minahasa ont par contre conservé des traditions musicales plus anciennes et des danses particulières, similaires à certaines danses guerrières des Moluques. Colonisés dès le XVIème siècle par les Portugais, les Espagnols puis les Hollandais, ils sont très attachés à leur identité culturelle, et surtout à la langue néerlandaise et au culte chrétien protestant. Leur musique se répartit entre traditions anciennes, comprenant notamment des ensembles de percussions, de gongs ou de kolintang, d’une part, et des fanfares de style occidental d’autre part. Ces dernières utilisent généralement des instruments similaires aux trompettes, clarinettes, tubas, etc. des colonisateurs européens, mais reproduits en bambou.

 

Au sud de l’île, on trouve les Makassar qui, bien que musulmans, ont conservé des croyances et des traditions anciennes comme le Siri, un code d’honneur complexe et très strict. Leurs voisins Bugis, également convertis à l'islam à partir du début du XVIIe siècle, continuent eux aussi à observer des coutumes appartenant à leurs croyances traditionnelles. Ainsi, les rites royaux ne peuvent être exécutés que par un bissu, c'est-à-dire un individu qui n'est ni homme ni femme, mais dans la pratique, des travestis. Seul un bissu peut être l'intermédiaire entre les hommes et les dieux. Les Bugis reconnaissent cinq genres : makkunrai et oroané, correspondant respectivement à femme et homme cisgenre, bissu, considéré comme « transcendant les genres », calabai et calalai, comparables à homme et femme transgenre.

 

La musique des Bugis et des Makassar est en grande partie instrumentale (accompagnée ou non de chant) et est uniquement exécutée par des solistes professionnels, à quelques exceptions près. Ce sont des musiques pour instruments à cordes comme le gambus, le kacapi, la cithare mandaliong, le rebab ou le violon et la guitare. Un genre plus récent, sinfoni kacapi, met par contre le chant plus en avant, accompagné de plusieurs musiciens, souvent avec pour instrument principal le kacapi, d’où son nom. Les Makassar pratiquent également une danse appelée pakarena, accompagnée par un chœur féminin et un chanteur soliste, une paire de tambours et une flûte puwi’puwi.

 

Aujourd'hui, près d'un Toraja sur deux est chrétien. Les autres sont soit musulmans, soit adeptes de la religion traditionnelle, Aluk To Dolo ("la voie des ancêtres"), qui est encore très vivante et est aujourd’hui reconnue par les autorités indonésiennes. Chez les Toraja, les rites funéraires sont extrêmement importants. L'enterrement officiel peut avoir lieu des années après la mort. Tant que la cérémonie funéraire n'a pas eu lieu, la personne est considérée comme "malade", to masaki' en langue toraja. Les rituels mortuaires donnent lieu à de nombreux sacrifices de buffles qui accompagnent le défunt dans l'au-delà. On en immole le plus grand nombre possible car c’est un signe de prestige. La mise au tombeau a ensuite lieu dans des niches creusées dans des falaises, loin du village. Chaque caveau, fermé par un système de verrouillage secret, abrite les membres d'une même famille, représentés, sur des balcons à l’extérieur, par des poupées à l'effigie des défunts.

 

La musique des Toraja consiste avant tout en chœurs polyphoniques et en musiques d’ensemble, soulignant l’importance pour eux de la pratique collective. Des groupes  composés de chanteurs accompagnés de longues flûtes jouent également lors des cérémonies funéraires et de certains rituels thérapeutiques. A l’exception des célébrations rituelles, la musique traditionnelle est de plus en plus supplantée dans toute l’île par les musiques modernes indonésiennes comme le dangdut ou la pop, ou bien occidentales comme le rock. (BD)


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