Mondorama

Le théâtre d'ombres et de marionnettes existe partout en Asie du Sud et du Sud-Est et tout particulièrement à Java et à Bali. Ils prennent progressivement leur forme actuelle entre le XVIII ^e et le XIX ^e siècle.

Lors d'une représentation de théâtre d'ombres, le spectateur est invité à un spectacle où les silhouettes de marionnettes sont projetées sur un drap blanc, éclairées par une lampe. Elles sont animées par un seul marionnettiste, le dalang, qui raconte l'histoire et qui est accompagné par la musique du gamelan. Celui-ci est capable de manipuler plus d'une centaine de figurines, de chanter et de réciter des épopées pendant toute une nuit sans aucune aide. Ces marionnettes sont très variées et de styles différents, soit en bois et très finement gravées, soit en cuir peint, d'une grande finesse et aux bras articulés. Leurs silhouettes caractéristiques permettent aux spectateurs de reconnaître les différents intervenants de l'histoire.

Une représentation est toujours une occasion spéciale. Le public se rassemble et passe la soirée et la nuit à regarder le spectacle mais aussi à manger, à boire, à discuter entre amis ou même à s'endormir. Le spectacle commence avec une longue introduction musicale au gamelan puis se déroule l'action théâtrale en tant que telle, composée de trois grandes parties, un préambule, l'intrigue et le dénouement. Les sujets sont variés et parlent de la vie et de la mort, du bien et du mal, des dieux, de la justice, de l'âme humaine… et prennent souvent leur source dans les grandes histoires épiques indiennes, le Mahabharata et le Ramayana, mais aussi dans les histoires et légendes indonésiennes.

A Bali, le wayang kulit (théâtre d'ombres) est en partie lié aux rituels hindous et a pour but de purifier l'esprit et d'exorciser les démons au travers de l'action du théâtre mais il peut également être joué en dehors de ce contexte pour le divertissement. Le gamelan Gender Wayang accompagne l'action. Composé de métallophones à lames suspendues joués à deux maillets, il est très ancien et la technique de jeu en est difficile. L'ensemble compte quatre musiciens qui jouent une musique très complexe, chaque main interprétant une mélodie différente. A Java, il est accompagné d'un gamelan similaire à ceux de la cour mais de taille bien plus réduite.

Cette tradition ancienne se perd: le public actuel, bercé à la musique pop, n'a plus la patience pour suivre une histoire qui dure toute la nuit et par conséquent, les représentations ont tendance à être du plus en plus courtes. De même, les jeunes marionnettistes ne sont plus aussi passionnés que leurs prédécesseurs et ne comprennent plus les enseignements plus spirituels liés à cet art.

Le wayang wong balinais est la transposition chorégraphique du théâtre d'ombres wayang kulit. Les costumes et les coiffes, la mise en scène et une partie de la gestuelle sont inspirés des marionnettes. Ces représentations ont une fonction religieuse: les masques sont conservés dans les temples et ne sortent que lors de cérémonies et fêtes sacrées, notamment lors de processions pour repousser les mauvais esprits pendant des périodes troublées.

Le wayang golek, utilisant des marionnettes en bois, est très populaire à Sunda (ouest de Java). Il propose des représentations et des histoires conformes aux préceptes de l'Islam. Le spectacle se déroule en général en plein air. Il commence par une ouverture musicale instrumentale, puis vient la partie vocale interprétée par une ou deux chanteuses, ou parfois par un chanteur. Le dalang prend ensuite le relais, récitant les dialogues et animant les marionnettes. Il alterne scènes dramatiques et comiques pour garder l'attention du public. Il est accompagné d'un petit orchestre de gamelan. (ASDS)