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Bauls du Bengale – les fous de dieu


Bauls du Bengale (Birbhum, Inde), une photo de Biswarup Ganguly (via wikicommons)

Confrérie mystique, les Bauls du Bengale (indien et bangladais) sont des musiciens ambulants dont la philosophie emprunte à diverses religions, de l’hindouisme à l’islam, en passant par le bouddhisme tantrique. Ils ne se reconnaissent pleinement dans aucune de ces religions même s’ils y sont socialement rattachés par des antécédents familiaux. Ils ont adopté le système du maître qui apprend à l’élève, le gourou pour les hindous et le murshid pour les musulmans. Celui-ci initie ses disciples dans le cadre de confréries mais chacun mène ensuite une vie sociale et religieuse de manière indépendante et autonome, libre d’esprit. Les Bauls consacrent leur vie à la médiation, au chant et à la musique. Ils sont à la recherche de l’expérience du divin à l’intérieur de soi et communiquent avec celui-ci en atteignant l’extase. Leur répertoire de chansons reflète cette doctrine, ou plutôt l’absence de celle-ci, avec un mélange d’influences mystiques du vaishnavisme hindou et du soufisme musulman.

 

Le mot « baul » apparaît au 16e siècle, au moment où le courant se formalise. Son origine renvoie à la signification en ancien sanscrit du mot « vatula », « affecté » ou encore « cinglé par le vent au point d’en perdre la santé » - les Bauls se décrivent eux-mêmes comme étant « fous de l’âme de dieu à l’intérieur d’eux-mêmes ». Au 19e siècle, le mouvement connaît un essor remarquable et se divise en cinq ordres principaux : Kartabhajâ, Sâhebdhanî, Khushi Bishvâsî, Balarâmî et Lâlan Shâhî.

 

Musiciens itinérants, ils vont de village en village, prêchant l’amour. Ils chantent dans les temples, dans les maisons, dans les cours des palais et lors de festivals. Ils s’accompagnent de luth dotara, de percussions khamak, d’ektara, un instrument à une corde créant un bourdon, et de bracelets de chevilles napur. Leurs chants interrogent la nature divine et témoignent de leur quête de l’union entre l’âme humaine et Dieu. Selon qu’ils vivent en communauté ou qu’ils soient itinérants, les musiciens jouent soit des mélodies douces et calmes, assis, soit des chants plus extravertis, debout, en dansant. Les artistes s’appuient sur un canevas mélodique qui laisse la part belle à l’improvisation.

 

Parmi les artistes les plus connus, il faut citer Purna Das Baul, né au Bengale Occidental en Inde. Il a œuvré pour la reconnaissance de la culture baul dans le monde entier et a reçu des encouragements d’Allen Ginsberg en 1967. Quand Bob Dylan a sorti son album John Wesley Harding la même année, Purna Das Baul et son frère Luxaman Das entourent l’artiste sur la photo de la pochette. Aujourd’hui, le fils de Purna Das, Bapi Das Baul crée de nouvelles musiques dans l’esprit de sa lignée, avec son groupe Baul Bishwa. Au Bangladesh, on peut citer Muhammad Shâhjahân Miah et Farida Parveen. (ASDS)


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