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Le kamânche, victime du violon


Negar Kharkan (via youtube)
Autrefois le principal instrument à cordes frottées de la musique persane, le kamânche est aujourd’hui en voie de disparition, remplacé par le violon.

Le kamânche fait partie d’une grande famille d’instruments ayant pour trait commun une pique fixée à sa base, qui permet de le poser ou de le soutenir tout en lui autorisant une certaine forme de rotation. Cette famille des « vièles à piques » rassemble entre autres les descendants de la lyra byzantine et crétoise, les parents du violoncelle occidental et le rabab des pays arabes. C’est probablement ce dernier qui est l’ancêtre le plus direct du kamânche. Il existe en Turquie un instrument au nom presque similaire, le kemenche, qui partage des origines comparables, mais qui est de plus petite taille et ne possède pas de pique. 


Il est utilisé en Iran sous une forme ou une autre depuis la période préislamique. Le mot persan kamânche signifie « petit archet » et on trouve pour la première fois des mentions de l’instrument sous ce nom dans un traité musical du 9e siècle. C’est le seul de ce type dans la musique persane.


Il est composé d’un long manche - terminé par la fameuse pique déjà mentionnée - sur lequel est fixé une caisse de résonance en forme de bol, généralement en bois, recouverte d’une membrane de peau où vient se poser le chevalet. Il se joue souvent assis, la pique terminée par une pointe arrondie reposant sur le genou ou sur la cuisse. Contrairement au violoncelle, ou au violon, le musicien maintient l’archet horizontal, presqu’immobile, et c’est le kamânche qui pivote sur sa pique. Il comportait traditionnellement trois cordes de soie, mais sa version moderne est dotée de quatre cordes métalliques. 


Son règne incontesté a pris fin au début du siècle précédent, lorsque le violon occidental est arrivé en Iran et que les musiciens ont préféré les tonalités plus délicates et le jeu plus aisé de ce dernier à la pratique et aux sonorités traditionnelles du kamânche. Bien qu’il soit encore joué, principalement en province, le répertoire musical qui lui était autrefois dévolu est aujourd’hui généralement joué au violon. Ce dernier est devenu un des instruments les plus utilisés dans la musique persane, au même titre que le târ ou le santour. Parmi les musiciens récents, il faut mentionner Kayan Kalhor, qui a rénové le jeu du kamânche et l’a transporté vers d’autres horizons à travers ses nombreuses collaborations avec des artistes du monde entier. (BD)


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