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Musiques traditionnelles et modernes, du tasnif au motrebi


Miniature persane du 16e siècle (Collections du Smithsonian Institute)
Musiques régionales, classiques, traditionnelles, folkloriques et occidentalisées, l’Iran connait un grand nombre de styles aux frontières parfois floues, et aux distinctions parfois subtiles.

Il est malaisé d’établir la démarcation entre musique classique persane et musique traditionnelle. Il existe toutefois en Iran une forme populaire qui ne se raccroche pas au répertoire classique radif, même si les deux courants ont évolué en parallèle et se sont nourris l’un l’autre. La forme tasnif en est un exemple. Basé sur un mètre lent, fixe (contrairement au style non-métrique rubato de l'avaz), c’est un répertoire de compositions vocales proche de la ballade et du ghazal. Il s’agit d’un genre à l’origine plutôt aristocratique, mais d’autres formes ont des origines plus populaires.


La musique traditionnelle iranienne partage avec la musique classique persane ses modes, ses instruments, et sa conception de l’improvisation. Elle s’en distingue toutefois par ses thèmes d’inspiration et par son public. Là où la seconde s’adresse à un public restreint de connaisseurs, la première est avant tout populaire, destinée à animer les évènements privés et sociaux, et les circonstances de la vie. Elle sert à commenter l’histoire, l’actualité, à animer les fêtes de mariage et les célébrations religieuses, elle accompagne les moissons et la vie rurale. Elle connait bien évidemment de nombreuses variantes locales, régionales, parfois ethniques, mais possède également un répertoire répandu à travers la majeure partie du pays.


À l’origine basées sur une transmission orale, ces traditions musicales ont été collectées et transcrites à partir des années 1950, notamment par le Ministère de la culture et des arts, mais aussi souvent réorchestrées sous une forme « moderne ». Les changements profonds dans le mode de vie du pays, le développement des villes et l’occidentalisation de la société, ont ainsi fortement influencé la musique iranienne. Un style hybride est né à cette époque, nommée motrebi, une forme légère mêlant inspiration traditionnelle et orchestration sous un mode occidentalisé, ou arabisant. Ce style urbain se distingue nettement de la « musique d’art » et de la musique traditionnelle sonnati ou asil, et est généralement vu avec un certain mépris par les interprètes classiques.


La situation actuelle a été rendue encore plus complexe par la révolution et l’établissement de la République Islamique. Afin de lutter contre l’influence « corruptrice » de l’Occident, le gouvernement iranien, après une censure généralisée de la musique, a permis, voire favorisé, la production et la diffusion de musiques « authentiquement iraniennes ». La génération actuelle de musiciens est ainsi partagée entre la musique imposée par le régime, l’influence de l’Occident, et l’héritage historique classique. La position officielle continue d’osciller entre prohibition, surveillance et périodes de tolérance relative. Les femmes ont toutefois l’interdiction de chanter en public et ne peuvent s’exprimer qu’en privé, devant une assemblée exclusivement féminine. (BD)


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