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Nouvelle musique traditionnelle – fusions et rencontres


Mahsa et Marjan Vahdat au Festival des Musiques Sacrées du Monde – Fès (2012), une photo de Fulvio Spada (en CC, via Flickr)
Ces dernières décennies, de nombreux musiciens, souvent de la diaspora, ont créé des œuvres musicales qui partent de la tradition iranienne mais qui renouvellent les genres.

A partir des dernières décennies du 20e siècle, beaucoup de musiciens ont commencé à innover dans leurs compositions, particulièrement les artistes de la diaspora. Vivant dans les sociétés multiculturelles d’Europe et d’Amérique du Nord, ils ont rencontré d’autres traditions, d’autres musiques, d’autres manières de jouer et ont formé des groupes à géométrie variable, incluant des artistes très divers. Les musiques ainsi créées vont de la rencontre respectueuse où chacun des membres du groupe joue selon sa propre tradition et s’adapte à celle des autres, créant parfois juste une juxtaposition de style, à une fusion totale, un remaniement des codes de chacune des traditions pour créer une nouvelle musique, un nouveau style. Ces rencontres permettent également de dépasser les limites imposées par le régime iranien, en donnant une place aux femmes ou en permettant des critiques politiques. Il serait impossible de détailler ici toutes les rencontres qui ont eu lieu mais voici quelques exemples intéressants, issus de trois pays différents.


En 1998, le violoncelliste franco-américain d’origine chinoise Yo-Yo Ma crée le Silk Road Project dans le but de rapprocher des artistes d’Asie et d’Occident. C’est par cet intermédiaire que le quatuor à cordes américain Brooklyn Rider rencontre le joueur de vièle kamânché Kayhan Kalhor et qu’ils décident d’enregistrer ensemble un disque en 2008, Silent City. Le morceau titre est une composition d’une trentaine de minutes évoquant la destruction de Hallabjah au Kurdistan irakien, et plus largement, il parle de toutes les villes dévastées et des civilisations disparues. L’idée est également de souligner le retour perpétuel de la vie, la renaissance, la reconstruction. Les émotions que transmettent ce morceau sont fortes et ne laissent personne indifférent. Les musiciens d’origines diverses ont appris à connaître les traditions des autres, se sont écoutés et après avoir intégré ces éléments, ils ont improvisé collectivement puis laissé la place à une mélodie turque ancienne puis un air de danse kurde joués au kamânché.


Les sœurs Mahsa et Marjan Vahdat sont nées respectivement en 1973 et en 1976 en Iran. Elles ont étudié les musiques persanes mais ne peuvent pas jouer en public dans leur pays ; elles ont développé une carrière internationale et ont participé en 2004 à l’album de berceuses Lullabies from the Axis of Evil édité par le label norvégien Kirkelig Kulturverksted. Elles ont depuis commencé une longue collaboration avec le producteur et poète Erik Hillestad, publiant de nombreux disques. Leur répertoire de prédilection est celui des chansons traditionnelles des diverses régions de leur pays, qu’elles interprètent soit de manière classique soit de manière plus contemporaine, avec un accompagnement jazz sur l’album Enlighten the Night (2018) ou classique, en collaboration avec le Kronos Quartet, sur l’album Placeless (2018). L’album de Mahsa Vahdat A Capella (2016) impressionne par la beauté de sa voix qui résonne légèrement dans des lieux aussi divers que des musées, des églises, des palais de Turquie et d’Europe. Les deux sœurs veulent par leur musique avant tout exprimer un message universel d’humanisme et de liberté, de beauté et d’espoir.


Installé à Paris depuis 1961, le percussionniste iranien Djamchid Chemirani a joué avec les plus grands maîtres de la tradition mais s’est également investi dans des projets qui dépassent ce cadre, en collaborant avec Ross Daly, Peter Brook ou Maurice Béjart. Ses fils Keyvan et Bijan ont pris le relais, et soutenus par le label français Accords Croisés, ils ont dépassé les limites de la musique traditionnelles iranienne. Keyvan a enregistré une série d’albums nommés Le rythme de la parole (2004 et 2005) en collaboration avec des chanteurs du monde entier (Nahawa Doumbia du Mali, Cherifa du Maroc, Erik Marchand de Bretagne, Faiz Ali Faiz du Pakistan, et bien d’autres encore). Son frère Bijan a fait de même avec des albums comme Gulistan, jardin des roses (2000) ou Eos (2002), et avec le projet Oneira. (ASDS)


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