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Târ et setâr, les luths persans


Dariush Tala'i au târ (photo Bill2us, via wikipédia)
Les deux instruments à cordes les plus répandus en Iran sont le târ et le setâr. En dépit de leur nom, ils n’ont aucun lien de parenté. Le târ est apparu récemment tandis que le setâr a des origines beaucoup plus anciennes et est aujourd’hui encore l’instrument de l’intimité par excellence.

Le nom « târ » signifie à la fois corde et accord, il est donc d’usage ancien, mais l’instrument lui-même semble n’être apparu qu’au début du 19e siècle, sous la dynastie Kadjar. Ses origines sont très discutées, et il est possible qu’il soit né non pas en Iran, mais dans le Caucase où l’on retrouve des luths possédants les mêmes caractéristiques : un long manche (d’environ 95 cm), une membrane de peau de mouton et un corps « à deux ventres ». Il comporte six cordes, les cinq premières en acier et la plus basse en laiton. Il existe un târ plus ancien, extrêmement populaire en Azerbaïdjan, qui est sans doute son ancêtre et partage avec lui sa forme typique, malgré quelques différences dans les matières utilisées pour sa construction.


Le târ est avant tout utilisé comme instrument solo, ou comme accompagnement pour un chanteur ou une chanteuse, mais il se retrouve aussi dans des formations de musique traditionnelle et il existe des pièces spécialement écrites pour des ensembles de târ. Malgré son apparition récente, il a pris une place très importante dans le répertoire classique persan. Parmi ses interprètes les plus renommés, il faut citer Mohammad Reza Lotfi, Hossein Alizadeh, Hamid Motebassem et Dariush Talai.


Malgré la proximité de leurs noms, le târ et le setâr ne sont pas liés. Si le premier possède cette forme caractéristique de double cœur ou de huit, le corps du setâr est lui en forme de poire. Il possède quatre cordes, deux d’acier et deux de laiton. Malgré leurs similitudes, d’accordage notamment, il s’agit très clairement de deux instruments indépendants, avec leurs histoires et leurs usages propres. Le setâr est beaucoup plus ancien, et son origine peut être reliée avec celle du sitar indien et du luth tanbur, répandu de la Chine à l’Afrique du Nord.


Le son du setâr est plus léger et plus délicat que celui du târ. Pour cette raison, il est très populaire dans un cadre plus intimiste, voire secret. Il est idéalement utilisé pour un public restreint, et est ainsi destiné à la musique de cour, ou à l’agrément domestique. Comme il peut être joué discrètement, loin des oreilles désapprobatrices, il est également parfait pour le contexte iranien, où la pratique de la musique est réprouvée, voire censurée. Il est pour cela très populaire auprès des femmes.


De nombreux joueurs de târ pratiquent également le setâr, comme Hossein Alizadeh ou Mohammad Reza Lotfi, mais d’autres musiciens comme Jalal Zolfonoun, Ahmad Ebadi ou Fariba Hedayati Nikfekr, en font leur instrument de prédilection. (BD)

Târ

Setâr


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