Mondorama

Dans les années 1960, les musiciens cubains de New-York transformaient le son en salsa, en l’assaisonnant de quelques pincées de jazz, de funk, de rock et d’électricité. Pendant ce temps à Cuba, d’autres directions se développaient. Au début des années 1970, elles prendront la forme du songo et de la timba.

Les ingrédients de ces nouveaux styles seront trouvés dans le fond inépuisable des rythmes afro-cubains, et notamment dans ceux associés à la rumba. Les groupes de cette nouvelle vague vont ajouter à leur arsenal des percussions traditionnelles, comme les tambours batà, et surtout introduire une batterie moderne aux côtés des timbales et congas qui représentaient la section rythmique traditionnelle du son. Ces batteurs vont créer de nouveaux rythmes qui deviendront la signature sonore de chaque groupe : José Luis Quintana dit "Changuito" de Los Van Van inventera le songo, l’Orquesta Ritmo Oriental produira la nueva onda, l’Orquesta Tipica Juventud le bata cinco.

Tous ces groupes remettent en question l’orthodoxie du son et incorporent des influences diverses, comme le jazz pour Irakere, la salsa pour Son 14, le rap pour NG La Banda. Ces nouvelles sonorités et ces rythmiques appuyées ont fait le succès du songo jusqu’aux années 1990. La nécessité se faisait sentir d’aller plus loin encore et de nouveaux artistes, souvent des solistes issus des différentes formations de songo, vont créer la timba, en modernisant encore plus les structures du son, cette fois avec des apports de funk et de hip-hop, et un son plus contemporain, plus agressif.

Avec une scène très inventive, et très ouverte, le songo et la timba seront la bande-son de Cuba pendant plusieurs années, et se diffuseront lentement à l’extérieur, en dépit du boycott imposé par les États-Unis. Le succès du projet Buena Vista Social Club concentrera la demande du public occidental sur les formes plus conservatrices, plus nostalgiques du son revival. (BD)