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Les grands orchestres – 1920-1950: cha cha cha, mambo et autres rythmes latins


Perez Prado

Dès les premières décennies du 20e siècle, et jusque dans les années 1950, La Havane attire les touristes étrangers et devient un lieu de plaisir et d'effervescence. De très nombreux artistes s'y rassemblent et jouent dans les nightclubs, cabarets, hôtels et casinos. C'est l’âge d'or de la musique cubaine. Les artistes cubains ont également la cote ailleurs dans le monde, de Paris à New York, de Mexico à Los Angeles. Chanteurs et musiciens passent à la radio et apparaissent dans des films locaux ou mexicains, parfois même à Hollywood. C'est la grande période des films "exotiques", se déroulant sous les tropiques.

 

Au début des années 1920, le danzón est la musique populaire des Cubains. Elle est interprétée par les orquestas típicas mais à la fin de la décennie, les cuivres qui dominent ces ensembles sont jugés trop bruyants et ils cèdent la place à un autre type de formation, les charangas. De taille plus réduite, ils comprennent piano, violons, contrebasse, flûte traversière, timbales et güiro (remplacé par la suite par des maracas).

 

Après avoir été éclipsés un moment par les orchestres de son, les charangas resurgissent dans les années 1930. Les musiques cubaines s'éloignent alors des traditions européennes. De grands orchestres dominent la scène locale – de nombreux clubs se créent, comme le Montmartre, le Havana Hilton ou le Tropicana - mais s'exportent aussi dans le monde entier. Ces groupes interprètent les styles plus anciens, danzón, guaracha, guajira, boléro… mais intègrent également de nombreuses innovations rythmiques et instrumentales. Parmi ces formations, il faut citer les Lecuona Cuban Boys qui sont les premiers à intégrer dans leur musique les congas, des percussions afro-cubaines, et qui ont beaucoup joué en Europe. De même, Don Azpiazu et son ensemble a connu un fantastique succès à Paris où les musiques cubaines étaient tout particulièrement en vogue. C'est aussi l'époque de quelques groupes exclusivement féminins, comme Anacaona.

 

Au cours des années 1930 et 40, les orchestres "latins" gagnent en popularité aux Etats-Unis. Celui de Xavier Cugat en est un exemple type. Catalan d'origine, cet Américain a étudié les musiques à Cuba. Il fait carrière à New York où son orchestre joue à l'hôtel Waldorf Astoria et à Hollywood, apparaissant dans divers films. Sa musique est inspirée des rythmes cubains mais s'en éloigne aussi, lorgnant vers un certain easy listening et vers l'exotica, deux styles plus aisés à écouter pour un public non averti.

 

De nouveaux styles voient le jour à cette époque. Antonio Arcaño rénove les mélodies du danzón avec son orchestre Las Maravillas. Il introduit de nouveaux instruments, le violoncelle, puis la viole et les congas et il introduit de nouvelles sections musicales dans ses morceaux. C'est ce nuevo ritmo qui sera à la base du mambo. Il sera désigné par ce nom à partir du milieu des années 1940.  "Mambo" est à l'origine le titre d'un morceau de danzón: il ne comporte plus de partie lente mais passe immédiatement à la partie dansante aux motifs syncopés. Cette innovation était dans l'air du temps, à une époque où de nombreux jazz-bands expérimentaient avec les rythmes.

 

C'est cependant Pérez Prado qui en fera un style à part entière au début des années 50. Sa musique est essentiellement instrumentale et ses arrangements percutants. Il compose des morceaux comme "Mambo n°5"  qui deviennent des succès immédiats. Il fait carrière aux Etats-Unis où il s'installe en 1951, tout comme de nombreux immigrés hispanophones – Cubains et Portoricains – qui influencent durablement la vie musicale des grandes villes, de New York en particulier. La métropole devient un centre de création important et attire de nombreux musiciens d'origines diverses (Tito Puente, Tito Rodríguez, Joe Loco…), ce qui favorise l'essor de clubs latins comme le Birdland ou le Palladium.

 

Le danzón est aussi à la base d'une autre évolution, le cha cha cha. Au début des années 1950, Enrique Jorrín de l'Orquesta America se rend compte que les danseurs ont du mal avec les syncopes du danzón et il les simplifie. Il propose également à l'orchestre de chanter les refrains en chœur et non en alternance. Le cha cha cha est donc relativement lent et assez carré, avec une structure clairement définie et un rythme qui met l'accent sur le troisième temps. Son premier morceau dans ce style est "La engañadora", connu à l'époque sous le nom de "Mambo cha cha cha".

 

Le cha cha cha prend rapidement la place du danzón et est interprété par de nombreux orchestres, notamment l'Orquesta Aragón, fondé en 1939 à Cienfuegos par le contrebassiste Orestes Aragón, ou encore José Fajardo y sus Estrellas, l'attraction principale du club Montmartre. Le style est extrêmement populaire jusqu'à la fin des années 1950.

 

En 1959, Fidel Castro s'empare du pouvoir et l'état prend le contrôle des hôtels et des clubs. Les Cubains fortunés ainsi que de nombreux musiciens fuient l'île pour s'installer ailleurs, aux Etats-Unis essentiellement, où les musiques aux rythmes cubains continuent à se développer et se transformer, en salsa notamment. Une page se tourne pour la musique cubaine. (ASDS)


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