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Les percussions non-rituelles: les rythmes de Cuba


Bongos

Il a littéralement fallu des siècles pour que les percussions africaines puissent être entendues en public dans un contexte musical. Les théâtres et les music-halls cubains ont non seulement longtemps interdit l’entrée aux afro-descendants, mais aussi à leurs instruments. Seuls étaient tolérés les tambours militaires et les timbales de l’orchestre classique. La barrière qui séparait la civilisation de la barbarie selon les théories alors en vigueur était de jouer les percussions avec des baguettes ou des maillets, et non avec les mains. Ce n’est qu’au milieu du 20e siècle que les interdictions sont progressivement levées et que bongos, congas ou tambours batà ont pu être vus sur scène devant un public blanc. On crédite le percussionniste Fernando Ortiz d’avoir pour la première fois présenté les tambours batà au grand public en 1936. L’influence du be-bop américain a étrangement constitué un soutien important de cette mixité musicale (voir le chapitre sur le jazz cubain).

 

Aujourd’hui l’héritage des rituels africains est toujours vivant et préservé. Si la position officielle de l’état est de considérer toute forme de religion comme superstition, il a toutefois la volonté de maintenir ces traditions comme constituant une part importante de la culture populaire cubaine. La  santeria, le palo monte (culte des morts) et de nombreux autres rites sont aujourd’hui pratiqués sans restrictions et sans l’obligation de dissimulation des époques précédentes.

 

Musicalement, l’influence des tambours rituels peut être perçue à travers toute la musique cubaine. Si les instruments et les rythmes sacrés n’ont pas été transcrits littéralement dans la musique profane, ils ont eu un impact direct sur son développement. La plupart des percussionnistes ont entretenu des liens avec les pratiques religieuses traditionnelles dont les danses et les musiques ont servi de formation pour beaucoup. La structure de ces musiques, sa polyphonie et sa polyrythmie, se sont retrouvés par la suite, à des degrés divers, et sous des formes parfois modifiées, dans les différentes formes de musique afro-cubaine.

 

Parmi les héritages les plus importants de la musique africaine, le clave est la pierre angulaire de toute la musique afro-cubaine. Cet ensemble de formules rythmiques est à la base de toute composition (et improvisation) musicale à Cuba, et partant, dans toutes les musiques dites « latines ». Les formules les plus connues et les plus usitées sont le clave du son et le clave de la rumba, mais il en existe bien d’autres. Il s’agit généralement d’un mode établi sur deux mesures qui peuvent se lire dans un sens, ou bien dans l’autre. Qu’il soit joué explicitement (généralement au moyen des percussions appelées elles-aussi clave) ou suggéré, il constitue une grille mentale qui structure toute pièce musicale et synchronise les musiciens, que leur rôle soit mélodique ou rythmique. (BD)


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