Mondorama

menu

Le quadrille - une danse venue d'Europe


Quadrilles par Karukéra Ka Dance de St Claude (extrait d’un clip youtube)
Danse d’origine européenne, le quadrille a été adopté par les Guadeloupéens qui l’ont créolisé, en y infusant des rythmes et instruments africains.

Les quadrilles créoles de la Guadeloupe et de la Martinique sont issus de la rencontre des danses de salon d'Europe (polka, contredanse…) et des rythmes africains. Au milieu du 18e siècle, les colons suivaient de près les modes des salons parisiens et avaient importé des danses comme le menuet français, la contredanse anglaise, la mazurka polonaise, la valse et la polka allemandes. Elles étaient jouées par de petits orchestres locaux composés d’esclaves ou d’affranchis. Très vite, ceux-ci adoptent ces danses, apprenant les pas via les leçons des maîtres à danser ou des planteurs qui pensaient ainsi les détourner des danses africaines mais les Afro-Caribéens les infusent de leurs rythmes africains complexes et de leur instrumentation. A l’origine, le quadrille est une danse à quatre temps, correspondant à la contredanse ou « country dance » anglaise qui s’exécute par couples de quatre danseurs et danseuses.


Le style créolisé se décline sous trois formes différentes : le quadrille au commandement, le quadrille français (uniquement instrumental) et le quadrille des lanciers. Le premier implique un commandeur, inspiré de la tradition du gwoka. Il donne les indications de danse d'une manière très rythmée et dans une langue mélangeant le vieux français et le créole, sur un ton assez monocorde et avec une voix rappelant les griots mandingues, proche du rythme saccadé et du débit du rap actuel. En même temps, les musiciens jouent la musique des différentes figures destinées aux danseurs : l’entrée, le pantalon, l’été, la poule, la pastourelle et la biguine. Le quadrille des lanciers est l’imitation d’une danse anglaise inventée à Paris en 1856 et comprend cinq figures : les tiroirs, les lignes, les moulinets, les sites et les lanciers.


Pour les populations d’origine afro-caribéenne, danser le quadrille, c’était s’identifier aux maîtres tout en s’affirmant. Certains danseurs copiaient les postures élégantes et dignes des Européens, tandis que d’autres les exécutaient avec une raideur extrême touchant à la parodie. Jusque dans les années 1960, c'est la forme la plus répandue de divertissement en Guadeloupe. Les instruments occidentaux, violons, pianos et accordéons, sont complétés par des percussions : le tanbou d’bas et le ti tanbou (tambours basse et petit tambour), des hochets chacha, des maracas et des triangles. D’autres instruments se sont ajoutés au fil du temps, et les guitares et basses électriques sont devenues très fréquentes dans les grandes formations.


Considéré comme trop « européen », le quadrille perd en popularité au moment de la grande revendication identitaire des années 1970 mais depuis quelques années, il suscite à nouveau un intérêt grandissant grâce à diverses actions de revalorisation et des travaux de collectage. Reynoir Casimir (dit Négoce) est sans conteste l'un des meilleurs accordéonistes de quadrille dans le style de Grande-Terre. Le groupe Signature est un orchestre de bal de la même région. (ASDS)


À PointCulture

Nous utilisons des cookies pour améliorer l’expérience utilisateur et analyser le trafic sur notre site web. En cliquant sur “Accepter tous les cookies“, vous consentez à l’utilisation de cookies sur notre site web.