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Le zouk, à la conquête du monde


Kassav’ en concert à Couleur Café 2016, une photo de Kmeron (via flickr)
Le zouk naît à la fin des années 1970, à l’initiative de quelques musiciens qui veulent réaffirmer l’identité créole de la Guadeloupe. Le style connaîtra un succès fulgurant dans les décennies suivantes, dépassant les frontières du pays.

Remplaçant peu à peu la kadans à la fin des années 1970, le zouk devient très vite populaire, surtout en France, mais également dans les Caraïbes et en Afrique où il aura une influence très profonde. Ses origines sont africaines, européennes et caribéennes; il est proche de la biguine et du quadrille antillais, ainsi que du compas haïtien, mais aussi du calypso et de formes rythmiques locales. Le mot trouve ses origines en Martinique, où « zouk » fait référence à un lieu de danse populaire ou une salle de bal.


A la fin des années 1970, Pierre-Edouard Décimus jouait du kadans avec les Vikings. Il était basé à Paris, où résidait également l’artiste antillais Freddy Marshall. Ils considéraient que les styles venus d’ailleurs comme le compas haïtien, la salsa caribéenne ou la cadence-lypso de la Dominique avaient effacé les formes locales et plus traditionnelles de musique, comme le quadrille ou la biguine. Ils ont alors recruté le bassiste Georges Décimus, le frère de Pierre-Edouard, et le guitariste Jacob F. Desvarieux. Ensemble, et avec d’autres musiciens de studio parisiens, ils créent une nouvelle musique hybride, s’inspirant en partie de ce que se fait ailleurs (funk, disco, afrobeat) mais qui intègre les rythmes du gwoka et dont les textes sont écrits en créole. Leur but est de réaffirmer la place des Guadeloupéens dans une société encore contrôlée par la métropole française, étouffant l’identité culturelle locale.


Le nouveau groupe est nommé Kassav’. La musique de leur premier album qui sort en 1981, Love and Ka Dance, est festive, dansante, proche du funk américain tout en gardant une touche bien créole dans les chansons. Les rythmes sont très rapides, de 120 à 145 bpm, avec une mise en avant des percussions, des guitares et de la section des cuivres, ainsi que de synthétiseurs. Ce style originel est nommé zouk béton et sera populaire dans la première moitié des années 1980, avant d’évoluer. Il se danse à deux ou seul.


Le zouk est très vite devenu LA musique de fête des Antilles françaises, et a séduit le public international, influençant les musiques françaises mais aussi africaines. En 1984, Kassav' écrit un hit mondial, « Zouk-la-se sel medikaman nou ni », au message explosif: il parle du traitement de seconde classe reçu par les Guadeloupéens du siècle passé. Sadi Lancréot connaît du succès avec la chanson « Simao » tandis que Frédéric Caracas sort le single « Vini » avec le groupe Champagn’. Divers groupes guadeloupéens plus anciens s’adaptent: Selekta, jouant du gwoka traditionnel, se laisse séduire et sort le morceau « Fle Pou’w ». Expérience 7 engage les chanteuses Joëlle Ursull, Christiane Obydol et Dominique Zorobabel et se rebaptise Zouk Machine. Il devient extrêmement populaire dans la seconde moitié de la décennie, enregistrant en 1989 la chanson « Maldon », un hit vendant plus d'un million de singles en France. Parmi d’autres artistes, il faut citer également Edith Lefel, Tanya St. Val, ou encore des vétérans comme Frankie Vincent et Ralph Thamar (de Malavoi, un groupe martiniquais) qui ont tous énormément de succès dans les années 1980. (ASDS)


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