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Steel drums et steel bands – mélodies heavy metal


Steel Pans au carnaval de Trinité et Tobago
Longtemps considéré comme l'instrument des pauvres et des délinquants, le steel drum est aujourd'hui devenu une source de fierté pour Trinité-et-Tobago.

Le steel drum est un instrument inventé à Trinité-et-Tobago au début du 20e siècle. Il est construit en découpant de grands fûts métalliques (comme ceux utilisés pour stocker de l’essence ou de l’huile) pour y fabriquer un tambour en forme de casserole (l’autre nom anglais du steel drum est « steel pan », casserole d’acier), qui est ensuite martelé pour façonner plusieurs facettes accordées selon une gamme précise. Un ensemble se divise ainsi en plusieurs steel-drums aigus, médium et basses, qui se répartissent une ligne mélodique. Comme le cajón du Pérou, il est né à la fois d’une interdiction et d’un manque de moyens, ainsi que de l’ingéniosité des musiciens. Il s’inscrit dans la famille des instruments de musique bricolés, conçus en recyclant des objets usuels ou des produits industriels, voire des ustensiles de travail.


Ses origines sont liées au carnaval, importé dans les deux îles par les Français au 18e siècle. Ces festivités très populaires auprès de la population étaient interdites aux esclaves, et plus généralement aux travailleurs pauvres, qui ont développé leur propre version marginale, le canboulay. À l’origine célébration des récoltes, la fête tire son nom du créole « cannes brulées » qui désigne le moment clé du travail de la canne à sucre. Elle avait la même fonction que tous les carnavals, un moment de répit, de liberté et d’inversion des rapports d’autorité, et entraînait, aux yeux de l’administration coloniale, les mêmes débordements. Parmi les traditions visées, le kalinda et les bois-batailles, des duels au bâton au déroulement souvent fatal, durant lesquels les participants fréquemment issus de la pègre locale luttaient pour le contrôle d’un diamètre, d’un territoire, ont fait l’objet d’une prohibition stricte.


L’évènement le plus décisif fut la  révolte du canboulay de 1881 où une tentative de la police pour stopper le carnaval a occasionné de lourdes pertes tant du côté des autorités que de la population. N’osant toutefois pas interdire purement et simplement les réjouissances, l’administration choisit une voie détournée en bannissant les tambours et autres instruments de percussion. La mesure ne fut pas d’une grande efficacité, et la première réponse fut leur remplacement par les tamboo bamboo, des tiges de bambous découpés selon différentes longueurs afin de constituer une gamme mélodique. Ces instruments en bois furent graduellement remplacés par des substituts métalliques jusqu’à l’arrivée des premiers orchestres de steel drums.


D’abord limités aux classes populaires pour leur association au carnaval et au canboulay, et à leur réputation de violence et de délinquance, les steel bands vont progressivement se répandre dans toute les couches de la société et devenir non seulement une forme respectable de musique mais un symbole de Trinité-et-Tobago. Aujourd’hui les orchestres continuent la tradition des duels mais la compétition, bien que rude, se résout de manière plus pacifique qu’autrefois. La musique des steel pans s’est également répandue à travers toutes les immigrations caribéennes et est devenue un élément incontournable des carnavals de la diaspora. (Benoit Deuxant)


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