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Bucarest et ses faubourgs - lautaris, manele et tarafs


Oana Catalina Chitu - photo du dossier de presse

Les lautaris traditionnels, chanteurs et instrumentistes, se rassemblent dans des formations nommées tarafs. Celles-ci sont composées de violons, contrebasse, tsambal (ou cymbalum), fluier (flûte des bergers) et accordéon et interprètent un répertoire de chansons et danses. Leur musique est conditionnée par la nécessité de plaire, inhérente à leur statut de professionnels et soumise à la loi de l’offre et de la demande. Ils dépendent économiquement de la communauté qui les fait vivre mais à laquelle ils ne s’intègrent pas forcément. La muzica lautareasca est le résultat d’un amalgame d’apports urbains et paysans, locaux et étrangers, roumains et turcs, etc.

 

Les musiciens étaient itinérants, se produisant à la commande pour des festivités où ils jouaient quelquefois sans interruption durant deux jours entiers de célébrations. Dans les années 1960, de nombreux lautaris se sont installés dans la capitale Bucarest et dans ses faubourgs, et ont trouvé des contrats avec des clubs et des restaurants de la ville. Cette nouvelle situation, qui a favorisé de nombreux musiciens, chanteurs et chanteuses virtuoses, a donné naissance à un style inédit mêlant la rudesse des musiques paysannes et tziganes d’origine avec une orchestration moderne et urbaine. Les grands noms de cette époque sont le joueur de tsambal Toni Iordache, les chanteuses Gabi Lunca et Romica Puceanu ou encore le violoniste Ion Petre Stoican. En marge du folklore officiel et du fakelore institué par le régime de Ceaucescu, ces musiques ont développé un répertoire moderne, vocal comme instrumental, qui a connu un important succès en Roumanie et à l’étranger. Il a été diffusé par la radio et télévision d’état et par les enregistrements de la compagnie nationale Electrecord, qui possédait le monopole du disque en Roumanie jusqu’aux années 1990. Pour la plupart de ces artistes toutefois, les engagements les plus intéressants, économiquement parlant, restaient les fêtes privées.

 

Il faut également citer parmi les prédécesseurs de cette génération de musiciens la chanteuse Maria Tanase, surnommée à l’étranger « l’Edith Piaf roumaine » et dont les chansons réalistes et dramatiques ont connu un grand succès des années 1930 jusqu’à sa mort en 1963. Contrairement à celui des lautaris, son répertoire était un mélange de musique traditionnelle roumaine, de chanson « à la française », d’opérette et de tango.

 

Après la révolution, l’intérêt des mélomanes s’est porté sur les gardiens de la tradition musicale villageoise, parfois appelée musique archaïque, qui officiaient loin des tentations de la capitale. On peut ainsi parler d’une « école de Clejani », village de Valachie centrale qui a produit des dizaines de musiciens reconnus, ayant en commun un style dramatique, au pathos très expressif. Leur style est longtemps resté fidèle à une esthétique de village, malgré le succès des différents tarafs originaire de la région, comme le Taraf des Haïdouks, un ensemble rassemblant plusieurs lautaris de Clejani (Ion Manole, Neculae Neacsu, Ilie Iorga et bien d’autres) qui a été présenté sur les scènes internationales par les musiciens et managers belges Stephane Karo et Michel Winter. (BD)


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