Mondorama

menu

La Transylvanie, au-delà des forêts


image extraite du film "Balkan Melodie" (2012) de Stefan Schwietert

La Roumanie est souvent vue comme étant composée de deux entités distinctes, d’un côté les plaines du Sud et de l’autre, les régions montagneuses des Carpates qu’on rassemble sous le nom de Transylvanie. Plus qu’une simple séparation géographique, cette barrière naturelle correspond également à une division historique : la Transylvanie est très longtemps restée une principauté indépendante, suzeraine de l’Empire ottoman, alors que le reste du pays était occupé. Elle est ensuite passée sous la protection des Habsbourg d’Autriche. Cette partition est également sensible sur le plan culturel, la Transylvanie se flattant de son héritage avant tout occidental, provenant d’Europe centrale. Sa population est un mélange de Roumains, de Hongrois, de Saxons, d’Ukrainiens, de Roms et d’autres minorités.

 

On ne saurait trop insister sur le fait que la musique de Transylvanie possède une importante fonction sociale, bien avant d’avoir une signification artistique. Elle est interprétée avant tout lors des nombreuses cérémonies qui rythment la vie de la région, et en premier chef lors des mariages. Il s’agit alors avant tout d’une musique destinée à la danse, qui s’organise en suites construites en crescendo depuis les premiers chants de processions accompagnant le mariage à l’église jusqu’aux mélodies endiablées qui clôturent, parfois plusieurs jours plus tard, les festivités proprement dites. Les orchestres qui animent la fête, repas, discours, déplacement et danse compris, sont généralement de petites formations, trios à cordes (violon, alto et contrebasse) auxquels s’ajoutent quelquefois un cymbalum, voire un piano-accordéon ou un taragot. Récemment, la tendance a été d’ajouter à ces orchestres des instruments électriques et électroniques, et d’amplifier le tout, faisant craindre pour la survie de cette musique.

 

Une importante minorité hongroise vit en Transylvanie. Elle est très attachée à ses traditions culturelles et musicales, dont elle est quelquefois le dernier dépositaire, dans le cas de traditions très anciennes qui ont disparu en Hongrie, notamment suite à l’occupation ottomane. À la fois typiquement distincts de la musique roumaine et de la musique hongroise, il n’est pas étonnant que les airs et chansons de la région ait été abondamment collectés lors des voyages de recherche ethnomusicologique de compositeurs hongrois comme Bartók ou Kodály, ou de chercheurs roumains comme Constantin Brailoiu.

 

Les traditions régionales sont extraordinairement diverses, certains répertoires recevant une interprétation méconnaissable d’un village à l’autre. Plusieurs sous-régions sont à distinguer comme le Pays de l’Oaș, le județ (département) de Bihor, de Kalotaszeg, et surtout celui de Maramureş, au nord de la Transylvanie. La musique de ce dernier est assez renommée, malgré, ou grâce à ses accents rudes et primitifs. Elle est principalement jouée par des musiciens roumains, et non tziganes comme dans le reste de la Roumanie, et est portée par de petits ensembles, ici encore des trios (violon ceteră, guitare zongoră et tambour dobă). Le répertoire est divisé en chansons lyriques (hori) et mélodies à danser (zicăli). Les musiciens professionnels doivent connaître des dizaines de ces mélodies, souvent liées à un village en particulier ou à une personne dont elle est la « danse personnelle ». (BD)


À PointCulture

Nous utilisons des cookies pour améliorer l’expérience utilisateur et analyser le trafic sur notre site web. En cliquant sur “Accepter tous les cookies“, vous consentez à l’utilisation de cookies sur notre site web.