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Folksongs des bardes russes – un répertoire underground mais très populaire


Vladimir Vissotski en 1978 (via wikicommons)

La chanson russe, nommée en version originale « Russkiy shanson », est un genre musical qui apparaît déjà sous l’empire, aux 18e et 19e siècles. Il existe en effet divers répertoire de mélodies interprétées par les serfs ou par les prisonniers politiques du tsar, répertoires qui seront perpétués sous le régime communiste et dans Fédération Russe actuelle, ainsi que des romances urbaines à quatre couplets, accompagnées de guitare, souvent inspirées des mélodies tsiganes.

 

Dans les années 1950, sous le régime de Khrouchtchev, les camps d’internement et les goulags libèrent peu à peu les millions de prisonniers qui retournent dans leurs familles. Pendant leurs années d’emprisonnement, ils avaient composé de nombreuses chansons et celle-ci se diffusent, notamment auprès des étudiants et de l’intelligentsia. Dans la seconde moitié des années 1960, Léonid Brejnev resserre quelque peu l’étau mais pas au même niveau que la période stalinienne. De plus, l’apparition d’enregistreurs à cassettes peu coûteux permet une diffusion bien plus facile de cette musique. Jusqu’à la seconde moitié des années 1960, la musique russe connaît deux facettes : celle qui est reconnue et publiée sur le label d’état Melodiya et celle qui n’est pas officielle mais diffusée par l’intermédiaire de réseaux parallèles.

 

Une nouvelle génération de chanteurs apparaît à cette époque, un genre de bardes s’accompagnant à la guitare, dans la lignée des chanteurs folk américains de la même période. Le régime n’approuvait pas leur répertoire (les artistes devaient toujours soumettre leurs productions à un comité de censure), et donc les artistes faisaient des concerts en petits comités, concerts qui étaient enregistrés sur cassettes puis diffusés. Ces morceaux avaient énormément de succès car ils touchaient à des thèmes qui n’étaient pas abordés par les chansons approuvées par le régime, allant de l’antisémitisme aux abus de pouvoir de l’élite mais aussi tout simplement parce qu’ils parlaient d’une manière très crue et authentique de choses très personnelles qui touchaient les gens.

 

La musique est souvent fort simple, et c’est le texte (poétique ou narratif) qui prime. Ces chansons peuvent être classées en deux grandes catégories, les chants de tourisme (officiels) et les chants politiques (diffusés sous le manteau). Les premiers sont liés aux activités de grand air (alpinisme, kayak, voile) que peuvent exercer les jeunes Russes pendant cette période de relative stagnation (pendant le régime de Brejnev et ses successeurs directs). C’est pour eux une forme d’évasion et un moyen pour exprimer certaines valeurs comme le courage et l’amitié. Youri Vizbor, Alexandre Gorodnitsky (également géographe et océanologue) mais aussi Vladimir Vissotski composent de nombreux morceaux dans ce style. Ce dernier a également écrit des chansons politiques mais il n’a jamais été poursuivi par le gouvernement parce qu’il était trop aimé du public et que ses critiques étaient toujours voilées. Ce n’est pas le cas d’Alexandre Galitch qui a été forcé à l’exil. Boulat Okoudjava a également composé de nombreux morceaux sur ce thème. Il a exprimé l’horreur de la guerre, les amours douloureux et a toujours minutieusement observé la société soviétique.

 

Après la chute du régime soviétique, ce type de chansons a connu des modifications, pas dans les thèmes mais plutôt dans les arrangements musicaux qui s’inspirent du rock ou du jazz. La Russkiy shanson est toujours bien vivante, mêlant romance, chansons criminelles et chansons de bardes, dans la continuité des artistes des années 1970. Alexander Rozenbaum, Mikhail Krug ou encore Mikhaïl Choufoutinski ont été très populaires durant les dernières décennies. (ASDS)


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